Lors des élections du 31 janvier, 40 % des habitants de la province de Falloujah, bastion de l'insurrection sunnite, sont allés voter sans risquer leur vie au coin de la rue. Tout le monde attend maintenant une réelle amélioration du quotidien.
Retrouvez le récit de notre envoyé spécial Lucas Menget sur le quotidien d'un reporter en Irak.
Rendez-vous entre les murs épais du quartier général de la police de Falloujah. Ces murs continuent de protéger des forces armées particulièrement menacées. C'est avec elles que nous arpentons la ville qui retrouve, mois après mois, un semblant de vie.
Falloujah, ville sunnite de la province d'Al-Anbar, à 80 kilomètres à l'ouest de Bagdad, reste le symbole de l’insurrection sunnite et de la guerre civile irakienne. La violence et les batailles qui s'y sont déroulées ont laissé une ville meurtrie et close.
"Qu'attend le citoyen irakien de l’Etat aujourd'hui ? La sécurité et les services, explique Major Adib Hadi, qui travaille au service de renseignement de la police irakienne. Et il est en passe de les acquérir." Le discours optimiste de la police paraît suspect.
Lors des élections locales du 31 janvier, 40 % des habitants de la province se sont rendus aux urnes. Un véritable succès au regard du taux de participation du scrutin précédent : seuls 3 775 personnes avaient voté en 2005, soit 0,5 % des inscrits. Mais aujourd'hui tout le monde attend des élections provinciales, dont les résultats devraient être rendus publics ces prochaines semaines, une nette amélioration du quotidien.
Une sécurité qui reste fragile
Mais les chefs de tribus sunnites, qui ont aidé les forces de la coalition à chasser Al-Qaïda de la région - et qui sont les vrais dirigeants de Falloujah et de la province d’Al-Anbar - dénoncent des fraudes.
Pourtant les électeurs ne sont pas découragés et commencent même à croire au pouvoir de leur vote.
"Chacun de nous a voté pour un candidat de son choix. S’il voit qu’à l’avenir rien ne s’est amélioré dans l’économie et dans l’infrastructure, il fera un autre choix pour améliorer la situation, commente Abdel Wahab El-Kebir, commerçant de Falloujah. Même si c’est médiocre cette fois-ci, ce sera mieux la prochaine fois. Et, inch’allah, ce ne sera pas médiocre."
Si la situation s'est améliorée, la sécurité de Falloujah reste fragile, et dépend maintenant des résultats, et de l'attitude des perdants. Les sunnites comptent bien récupérer une partie de leur pouvoir perdu en 2003.