Les autorités japonaises sont à la peine pour secourir, trois semaines après le séisme, quelque 350 000 personnes restées sans-abri dans le nord-est du pays. Le dernier bilan évoque plus de 27 500 morts ou disparus dans l'archipel.
REUTERS - Trois semaines après le séisme et le tsunami qui ont dévasté la côte nord-est du Japon, les efforts de relogement des 350.000 sans-abri patinent.
Les autorités japonaises ont progressé à grands pas pour nettoyer les routes, mettre en place des centres d'hébergement et récupérer les corps des victimes.
La situation n'a en revanche guère changé pour les centaines de milliers d'habitants de la région qui ont tout perdu dans la catastrophe et cherchent un moyen de quitter des centres d'accueil surchargés.
Yusuke Sugawara, un homme âgé de 78 ans, loge la famille de son frère dont la maison, située dans la banlieue de Sendai, à Higashi Matsumura, a été détruite par le tsunami.
"Dans le journal, ils parlaient de maisons temporaires, mais jusqu'ici, ils semblent juste travailler sur le projet", dit-il.
Le gouvernement a lancé une série d'initiatives depuis le désastre du 11 mars qui a fait plus de 27.500 morts ou disparus.
Mais celles-ci n'offrent que des solutions partielles aux problèmes rencontrés par les réfugiés, souvent contraints de solliciter eux-mêmes de l'aide auprès des administrations locales.
"Nous avons des plans à long, moyen et court termes pour répondre au problème mais pour le moment, nous nous concentrons sur les questions de court terme", explique Noriyuki Shikata, secrétaire général adjoint du gouvernement.
Tokyo a ainsi mis à disposition des sinistrés plus de 42.000 logements construits pour les employés du service public, mais ces habitations sont éparpillées à travers le pays, et il n'y en a qu'un millier dans les trois préfectures les plus touchées par le tsunami.
Prêts d'urgence
Le gouvernement s'est aussi dit prêt à exonérer les habitants de taxes automobiles, à condition qu'ils prouvent que leur voiture a été emportée, ce qui peut se révéler difficile quand un véhicule gît au fond du Pacifique ou que le mur d'eau,haut comme un immeuble de cinq étages, l'a détruit et rendu totalement impossible à identifier.
Les autorités ont ouvert un crédit immédiat de 100.000 yens (845 euros) aux habitants qui n'ont plus rien hormis les vêtements qu'ils portaient le jour du drame. Mais même avec cet
argent, il n'y a pas grand-chose à acheter dans les magasins et guère d'artisans disponibles pour des travaux de reconstruction.
Des banques ont mis en place des prêts d'urgence qui peuvent atteindre sept millions de yens (59.000 euros) pour un particulier et 30 millions (253.000 euros) pour une entreprise.
La crise humanitaire s'est doublée dès le premier jour d'une crise nucléaire qui a provoqué l'évacuation de 70.000 personnes dans une zone d'exclusion de 20 km autour de la centrale de Fukushima.
Environ 136.000 autres, qui habitent entre 20 et 30 km du site, ont été invitées à partir ou à rester calfeutrées chez elles.
Défis gigantesques
La liste des défis à affronter pour reconstruire le pays est gigantesque.
Un demi-million de personnes auront sans doute besoin d'un relogement. De vastes étendues agricoles sont saturées de l'eau de mer déversée par le tsunami.
Les agriculteurs de la préfecture de Fukushima, qui jadis affichaient fièrement le nom de leur région sur le riz, les fruits ou légumes qu'ils cultivent, devront désormais tenter de balayer la crainte d'une contamination radioactive de leur production.
Le raz-de-marée a détruit l'industrie de la pêche à Iwate, ville dont 80% des revenus proviennent des fermes piscicoles.
La hausse des radiations dans l'océan Pacifique au large de la centrale de Fukushima nuit à la réputation de tous les produits de la mer en provenance du Nord-Est.
Aucune décision n'a encore été prise concernant les villes rasées par le tsunami, dont beaucoup ont perdu jusqu'à un mètre de hauteur en raison de l'érosion du sol.
Se pose aussi la question de savoir quoi faire des sols contaminés autour de Fukushima. Ken Pepperling, un expert basé dans l'Oregon, prévient que les autorités pourraient devoir retirer et stocker des couches entières de sol contaminé dans le cadre d'une deuxième étape de la gestion de crise.
Les sinistrés ne se sentent pourtant pas abandonnés par le gouvernement et ils ont entendu parler des centaines de millions de dollars qui affluent en provenance du monde entier.
Yoshihide Yajima, un employé de la construction âgé de 61 ans, juge que le gouvernement fait du mieux qu'il peut: "Quel que soit le parti au pouvoir, il est impossible de se préparer à de telles choses."