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Paris se singularise en Libye en nommant un représentant à Benghazi

Le diplomate Antoine Sivan a pris ses fonctions en qualité de représentant de la France auprès de l'opposition libyenne. Une nomination symbolique qui vient confirmer le rôle que la France souhaite endosser dans le dossier libyen.

Après avoir été le premier pays à reconnaître le Conseil national de transition (CNT) libyen, qui rassemble une partie des opposants au colonel Kadhafi, la France vient de franchir une nouvelle étape diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a confirmé mardi qu’un diplomate français avait été nommé en qualité de représentant de la France auprès de l'opposition libyenne à Benghazi.

Antoine Sivan, diplomate arabophone de 53 ans, a occupé plusieurs postes dans la région avant de se voir confier cette nouvelle mission. Numéro deux de l'ambassade de France à Bagdad de 2000 à 2004, il a occupé le poste de sous-directeur pour le Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères jusqu'en 2006. Il a ensuite été ambassadeur au Qatar entre 2006 et 2008 avant de revenir au Quai d'Orsay. 

Nommé sur la base du volontariat, Antoine Sivan exercera une fonction diplomatique, mais "il n'est pas ambassadeur", a tenu à préciser Alain Juppé, mardi lors d'une conférence de presse à Londres. "C’est le responsable diplomatique chargé des relations avec le Conseil national de transition", a-t-il ajouté, la France n'ayant pas formellement reconnu un Etat à travers le Conseil national de transition.  

"Paris donne à nouveau l'exemple"

Dans le milieu diplomatique, secoué ces derniers mois par une crise d’identité, cette initiative est perçue comme "une suite logique" des prises de contacts successives de la France avec la rébellion libyenne. "En prenant les devant, la diplomatie française, qui a été la première à légitimer le CNT, envoie un message tout aussi fort, tant à ses alliés qu’au colonel Kadhafi", analyse  pour FRANCE 24 Yves Aubin de La Messusière, ex-directeur Afrique du Nord-Moyen-Orient au Quai d'Orsay.

Cet ancien ambassadeur en Tunisie estime que "Paris donne à nouveau l’exemple puisque d’autres pays vont suivre la démarche française après avoir exprimé un début de reconnaissance ou établis des contacts". Outre cette longueur d’avance dans l’initiative, incarnée par ailleurs dans le rôle moteur joué par la France dans l’opération militaire de la coalition, la décision d’envoyer un représentant en Libye incarne un retour "à plus de cohérence".

Contacté par FRANCE 24, un ancien diplomate français qui a requis l'anonymat estime quant à lui que la nomination d’Antoine Sivan va mettre un terme à la confusion née par "l’activité parallèle et personnelle de Bernard-Henri Levy" en Libye. Selon le diplomate, l’action du philosophe "a brouillé les pistes puisqu’il s’est rendu en Libye au moment même où des émissaires officiels français étaient sur le terrain. Cette diplomatie bling-bling où l’on ne sait plus qui-représente-quoi devait cesser", conclut le diplomate.