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Sabotage du gazoduc Nord Stream : Berlin annonce l'arrestation d'un Ukrainien en Italie
Un Ukrainien suspecté d'être l'un des coordinateurs du commando de sabotage du gazoduc russe Nord Stream en mer Baltique en 2022 a été arrêté jeudi en Italie, a annoncé le parquet fédéral allemand.
Une fuite provenant du gazoduc Nord Stream 2 a été observée le 28 septembre 2022 dans la mer Baltique à la suite d'explosions ayant endommagé le pipeline. © Garde-côtes suédois, AP

Près de trois ans après le sabotage du gazoduc russe Nord Stream en mer Baltique, un Ukrainien suspecté d'être l'un des coordinateurs du commando a été arrêté jeudi 21 août en Italie. Il s'agit de la première arrestation dans cette mystérieuse affaire, particulièrement sensible en raison de la guerre en Ukraine.

Dans un communiqué diffusé jeudi, le parquet fédéral allemand, spécialisé dans les affaires de terrorisme, a annoncé avoir "fait procéder à l'arrestation sur la base d'un mandat d'arrêt européen du citoyen ukrainien Serhii K., par la police italienne, dans la province de Rimini (Italie)".

"Succès" du parquet

"Serhii K. faisait partie d'un groupe de personnes qui, en septembre 2022, ont placé des explosifs sur les gazoducs 'Nord Stream 1' et 'Nord Stream 2' près de l'île (danoise, NDLR) de Bornholm", écrit-il. Il s'agit "vraisemblablement d'un des coordinateurs de l'opération" de sabotage, ajoute-t-il.

À Berlin, seule la ministre allemande de la Justice, Stefanie Hubig, a réagi pour le moment à cette annonce, louant le "succès très impressionnant" du parquet.

Le 26 septembre 2022, quatre énormes fuites de gaz précédées d'explosions sous-marines avaient eu lieu à quelques heures d'intervalle sur Nord Stream 1 et 2, des conduites reliant la Russie à l'Allemagne et acheminant l'essentiel du gaz russe vers l'Europe.

À cette époque, Moscou avait cessé de livrer du gaz via Nord Stream 1, sur fond de bras de fer avec les pays européens alliés de Kiev. Quant au gazoduc jumeau Nord Stream 2, pomme de discorde entre Berlin et Washington depuis des années, il n'était jamais entré en service.

Depuis le sabotage, des enquêtes judiciaires avaient été lancées séparément par l'Allemagne, la Suède et le Danemark. Elles ont été closes dans les deux pays scandinaves en 2024.

Un voilier au départ de Rostock

De nombreuses pistes ont été évoquées, avec toujours en toile de fond l'hypothèse qu'un État pourrait être le commanditaire de l'opération. Tant l'Ukraine que la Russie ou les États-Unis ont toujours vigoureusement démenti toute implication.

Dans son communiqué publié jeudi, le parquet fédéral allemand affirme que Serhii K. et ses complices "ont utilisé un voilier (...) au départ de Rostock (port allemand sur la Baltique)".

"Le voilier avait été loué auprès d'une entreprise allemande à l'aide de faux papiers d'identité par le biais d'intermédiaires", poursuit le parquet. "Les explosifs avaient détoné le 26 septembre 2022. Les explosions ont gravement endommagé les deux gazoducs."

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Après son transfert par les autorités italiennes en Allemagne, le suspect ukrainien doit être présenté au juge de la Cour fédérale de justice allemande.

Il y a un an, plusieurs médias allemands, la chaîne de télévision publique ARD et les journaux Die Zeit et Süddeutsche Zeitung avaient révélé que l'enquête s'orientait vers une piste ukrainienne, avec un mandat d'arrêt de la justice allemande contre un plongeur professionnel soupçonné d'être impliqué dans le sabotage avec deux autres des ses compatriotes.

Ce plongeur, désigné comme Volodymyr Z. par les médias allemands, vivait en Pologne mais avait pu s'échapper en Ukraine avant son arrestation.

Un jour après les révélations de la presse allemande, le Wall Street Journal avait affirmé que l'ancien chef d'état-major ukrainien Valery Zaloujny avait supervisé le plan visant à faire sauter les gazoducs. Un "non-sens absolu", avait réagi la présidence ukrainienne le 15 août 2024. Quant à Moscou, il avait jugé "clair" quatre jours plus tard que l'opération avait été ordonné par Washington.

Avec AFP