En mal de reconnaissance, le circuit de tennis féminin (WTA) propose, via Internet, une émission de télé-réalité destinée à doper la carrière de six jeunes joueuses professionnelles. Une occasion de préparer l'après-sœurs Williams.
Tout au long de la saison à venir, six joueuses du circuit féminin de tennis (WTA) se disputeront la place de numéro un… des Xperia Hot Shots. Un jeu de télé-réalité d’un genre nouveau puisqu'il se déroulera uniquement sur Internet.
Le concept est assez simple : les joueuses devront poster sur leurs comptes Facebook, Twitter ou encore YouTube des vidéos et des photos les montrant dans leur quotidien de tenniswomen professionnelles : entraînements, tournois et rares moments de repos. Celle qui récoltera le plus de suffrages (les fameux "Like") sur leur profil Facebook se verra décerner, à l’occasion de l’US Open 2011, la coquette somme de 100 000 dollars.
Mesdemoiselles "tout-le-monde"
"Avec les portables que nous leur avons fournis, les filles se filmeront toutes seules sans censure de notre part, assure Stephan Croix de Sony Ericsson, sponsor de la WTA et concepteur du projet. Nous misons en effet sur l’authenticité et la crédibilité de leur contenu pour attirer une base de fans friands d'Internet. Le but de ce jeu est d'offrir une notoriété à ces six joueuses et d’élever leur profil sur la Toile, explique-t-il sans équivoque. Nous avons proposé ce projet à des joueuses qui étaient curieuses, jeunes, prometteuses et charismatiques." Avec un physique avantageux ? "Pas du tout." nous assure-t-on à Sony Ericsson…
L’argent n’est toutefois pas l’unique motivation de ces joueuses dont le classement se situe au mieux dans le ventre mou de la WTA, au pire dans ses abysses. La Slovaque Dominika Cibulkova, la mieux classée du lot, pointe à la 25e place. Suivent l’Américaine Bethanie Mattek-Sands (43e), la Roumaine Sorana Cirstea (97e), la Britannique Heather Watson (123e) enfin l’Allemande Sabine Lisicki, à la 217e place, ferme la marche. Cocorico, la Française Alizé Cornet, 65e mondiale et 3e joueuse tricolore, est elle aussi de la partie.
Celle qui avait interprété, en 2001, le rôle d’une jeune joueuse de tennis dans un épisode du feuilleton à succès "L’Instit" va donc retrouver les feux de la rampe. Sur la Toile cette fois-ci. "C’est une occasion unique de montrer à nos fans qui nous sommes différentes en dehors des courts," explique Alizé Cornet à France24.com. Dans une vidéo promotionnelle, la Française explique qu’elle joue de la batterie et qu'elle a baptisé son chien "Andy" en hommage à Andy Roddick, numéro 1 américain de tennis, d’où sa hantise de le croiser sur le circuit… "Nous voulons également montrer qu’il n’y a pas que les joueurs de tennis qui peuvent être amis entre eux. Certes, l’ambiance est plus hostile entre filles mais certaines d’entre elles sont très proches. Par exemple, je m’entends très bien avec Bethanie [Mattek-Sands]."
Tribunes désepérément vides...
Si, sur la forme, le but de ce jeu est de permettre au public de découvrir un univers habituellement très contrôlé, sur le fond, l’enjeu de ce concours est considérable pour la WTA. Bien que le tennis version dames soit le sport féminin le plus connu, le circuit vit dans l’ombre des performances masculines (ATP) et manque cruellement de têtes d’affiche susceptibles de remplir des tribunes désespérément vides, à l’exception faite de celles des tournois du Grand Chelem.
Depuis une décennie, Serena et Venus Williams se sont accaparées le haut de l’affiche mais à 30 ans passés, les deux sœurs américaines sont proches de la retraite sportive. "Avec ce jeu nous espérons préparer 'l’après-Williams', confie Alizé Cornet. Ces deux joueuses vont bientôt se retirer du circuit et il est indispensable que de nouvelles joueuses prennent le flambeau."
Mais la médiatisation forcée de ces six joueuses ne risque-t-elle pas d'altérer leurs résultats ? Alizé Cornet est l’une des rares joueuses françaises à avoir signé un contrat avec un équipementier, mais depuis quelques saisons la joueuse peine à s’imposer sur les courts. "Nous avons été choisies parce que nous sommes jeunes, connues dans nos pays et promises à un bel avenir. Maintenant, c’est à nous de faire nos preuves," assure Alizé Cornet.