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Les banques irlandaises toujours en mal d'argent

Quelques mois après avoir reçu une première aide financière de l’Union européenne, les banques irlandaises risquent de nouveau d’avoir besoin d’argent. Pourquoi ces établissements ne parviennent-ils pas à redresser la barre ?

C’est le grand retour des banques irlandaises. Ce jeudi, Dublin doit publier les résultats des tests de résistance ("stress-tests") auxquels se sont soumis quatre des principaux établissements financiers du pays (Bank of Ireland, Allied Irish Banks, Irish Life & Permanent et Educational Building Society). Des évaluations qui seront scrutées à la loupe par l'Union européenne (UE), qui, en cas de mauvaises notes, pourrait être amenée à débloquer une aide d’urgence.

Encore ? En novembre 2010, l’UE et le Fonds monétaire international (FMI) avait déjà accordé à l'Irlande 85 milliards d’euros de prêts à des taux avantageux, dont 35 milliards d'euros essentiellement destinés aux banques. Mais, à cette époque, Bruxelles n'avait autorisé Dublin à n'en emprunter que 10 milliards dans l'immédiat, le reliquat de 25 milliards d'euros étant censés constituer un matelas de secours. Sans vouloir préjuger des résultats des "stress-tests", la plupart des analystes estiment que l'Irlande risque d'en avoir besoin...

Depuis 2009 pourtant, les institutions financières irlandaises vivent sous perfusion. L’État leur a déjà prêté 45 milliards d’euros, sans compter l’apport européen. Les sommes versées en 2010 représentaient 22 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. L’Irlande a même dû nationaliser certaines banques.

Effet boule de neige

Un gouffre financier qui ne finit pas de se creuser. Mais pourquoi les banques ont-elles aujourd’hui encore besoin d’argent ? "Les autorités européennes ont dû agir rapidement à l’époque et ont probablement sous-estimé les besoins réels des banques irlandaises", analyse Céline Antonin, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) de Sciences-Po-Paris.

En réalité, les banques irlandaises sont victimes d'une double peine. La première est liée à un problème structurel persistant. "Avant la crise, ces établissements ont prêté sans compter au secteur de l’immobilier", rappelle Céline Antonin. Durant des années, les banques ont accumulé des créances. À tel point qu’en 2010, le total des actifs, incluant les prêts alloués, de ces banques équivalait à 11 fois le PIB de l’Irlande. Lorsque la bulle immobilière a éclaté, leur trésor de guerre ne valait plus grand-chose étant donné qu’une partie de ces nouveaux propriétaires ne pouvaient plus rembourser. Une addition beaucoup plus salée que prévu pour le secteur bancaire.

À cela s’ajoute la défiance des partenaires qui fait effet boule de neige. "Les Irlandais ne font plus confiance à leur banque et retirent leurs dépôts tandis que les banques étrangères rechignent à commercer avec des institutions financières montrées du doigt", explique à FRANCE 24 Gunther Capelle-Blancard, directeur adjoint du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii). Difficile dans ces conditions de trouver de l’argent frais, sauf à se tourner une nouvelle fois vers Bruxelles.