, envoyée spéciale à Fukushima – Des milliers de Japonais ont dû déserter leurs maisons, situées à proximité des centrales nucléaires de Fukushima, pour éviter toute contamination radioactive. A Koriyama, près de 2 000 personnes ont trouvé refuge.
Située à 60 km des centrales nucléaires Fukushima 1 et 2, la ville de Koriyama sert de zone de retranchement à ceux qui fuient la menace radioactive. Plus de 2 000 personnes y ont trouvé refuge pour s’éloigner autant que possible des deux centrales en surchauffe depuis le séisme du 11 mars.
"J’ai relevé des taux de radioactivité anormalement élevés sur 11 des 600 personnes que j’ai examinées, précise Tetsuo Tosa, un médecin radiologue. Je leur ai conseillé de prendre une douche. Mais aucune ne recelait de taux vraiment dangereux pour la santé." La surveillance médicale tient en un examen rudimentaire et quelques conseils de bon sens.
"Ma vie ne sera plus la même"
Toutes les personnes qui vivaient dans un rayon de moins de 20 km autour des deux centrales ont été évacuées. Parmi elles, Toshiaki, un agriculteur de 67 ans qui habitait à 2 km seulement de Fukushima. Il s’est précipité hors de chez lui quand la terre a commencé à trembler. À son retour le lendemain, des policiers barraient l’accès à son village. "Je n’ai pu récupérer aucune affaire. Tout ce que je porte aujourd’hui, ce sont des bénévoles qui me l’ont donné", témoigne-t-il.
Toshiaki garde le sourire mais n’en est pas moins amer. "Je ne sais pas si je pourrai rentrer chez moi, ma vie ne sera plus la même. Tous mes champs sont contaminés", soupire-t-il avant de lancer : "Je suis en colère contre Tepco [la compagnie électrique qui gère les deux centrales à Fukushima, NDLR] et le gouvernement. Ils nous ont sacrifiés pour fournir de l’électricité à Tokyo."
Tetsuo, lui, n’a pas été en mesure de quitter son domicile alors qu’il habite à une trentaine de kilomètres des centrales. "Je ne peux pas m’en aller parce que je travaille pour une compagnie électrique, et on est en train de rétablir l’électricité dans le secteur, explique-t-il avec inquiétude. Mais je viens régulièrement ici pour faire mesurer mon taux de radioactivité."
"On ne pouvait pas rester éternellement enfermés"
Quand les autorités ont demandé aux habitants de son village - situé à 21 km de la centrale Fukushima - de se calfeutrer chez eux, le maire de Kawauchi a préféré évacuer tout le monde. "On ne pouvait pas rester éternellement enfermés, lance Takeyuki Endo. Il faut bien manger et dormir." L’édile a donc réquisitionné sept minibus et emmené 560 des 3 000 habitants de son village à Koriyama.
Dans la salle polyvalente, ses administrés se retrouvent dans un bureau où ils essaient de retrouver la trace des autres habitants, dispersés dans d’autres centres d’accueil ou chez des proches. Régulièrement, Takeyuki fait un tour dans le gymnase qui sert de dortoir pour prendre des nouvelles des personnes âgées de son village. Comme des centaines d’autres, elles vivent à même le sol, sur une simple couverture.
Pourtant, les réfugiés de Koriyama sont plutôt bien lotis : la ville se situe à une sortie de l’autoroute nord-sud et reçoit régulièrement des vivres et des vêtements. "Je ne sais combien de temps on va devoir rester ici. Pour le moment, on tient le coup, mais il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps", prévient Takeyuki.
Cet article est également publié sur le site du Parisien.fr.