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L'attitude à adopter devant la progression du Front national, qui a récolté plus de 15% des suffrages au premier tour, divise la majorité présidentielle. François Fillon, contredisant Nicolas Sarkozy, appelle à voter "contre le FN".

AFP - La stratégie UMP du "ni, ni" prônée par l'Elysée dans la perspective des quelque 200 duels FN/PS dimanche prochain a été précisée par François Fillon et Jean-François Copé, après avoir créé des tensions au sein du parti et dans la majorité.

Devant l'état-major du mouvement réuni à l'Elysée lundi matin, Nicolas Sarkozy, a clairement maintenu la ligne officielle du "ni, ni" annoncée dimanche soir par le secrétaire général du parti présidentiel.

Pour le président, appeler à voter à gauche face au FN dans les cantons où l'UMP serait absente "reviendrait à envoyer un signal de connivence entre l'UMP et le PS, et donc à alimenter la campagne anti +UMPS+ développée par le FN". Or "nous n'avons rien à voir avec le PS", a insisté le chef de l'Etat, selon des membres de l'état-major de son mouvement.

Il ne faut "surtout pas donner l'impression que l'on tire un trait sur un électorat tenté par le FN", alors même que "le centre de gravité politique du pays s'est déplacé vers la droite", selon la théorie défendue au sommet de l'Etat et de l'UMP.

Le Premier ministre François Fillon a semblé se démarquer de cette ligne en appelant les électeurs de la majorité à voter "contre le Front national".

"Là où il y a un duel entre le PS et le FN, nous devons d'abord rappeler nos valeurs et rappeler que nos valeurs ne sont pas celles du Front national", a-t-il souligné devant le bureau politique de l'UMP.

"Mais nous n'avons pas à contraindre nos électeurs à mêler leurs voix à celles de l'extrême gauche", a-t-il dit, laissant ainsi la porte ouverte à l'abstention ou au vote blanc.

M. Copé a affirmé que M. Fillon était bien sur la ligne du "ni, ni" et a précisé que les électeurs qui le souhaitaient "pouvaient voter socialiste ou s'abtenir".

Chez les centristes, Jean-Louis Borloo a estimé qu'il y avait "deux majorités présidentielles": "celle qui considère que voter PS ou FN c'est indifférent et celle qui prône le Front républicain". Et ce clivage "va poser des problèmes majeurs à la majorité dans les mois qui viennent", a-t-il averti en allusion à la présidentielle.

Jean-Christophe Lagarde (Nouveau centre), Jean Arthuis (Alliance centriste) et François Bayrou ont rejoint "l'axe républicain".

"La République n'est pas en danger et nous ne sommes pas sur un second tour d'une élection présidentielle", a relativisé le patron de l'UMP.

"Il est clair que ce +ni, ni+ peut effectivement favoriser l'éclosion de candidatures centristes au premier tour de 2012", situation risquée pour le président avec un FN fort, décrypte un cadre de la majorité.

L'UMP, tiraillée entre le risque d'accréditer la campagne anti-système du FN en appelant à voter PS et la nécessité d'exclure toute alliance avec le FN, est "un peu piégée", constate le politologue Gaël Sliman (BVA).

"Même si on a le sentiment que des rapprochements ne sont pas à exclure après 2012", selon Gaël Sliman, la majorité de sympathisants de droite qui y seraient hostiles pèse encore plus lourd aujourd'hui que "les 40% qui y seraient favorables".

D'où cette stratégie "ambiguë" du "ni, ni", jugée "illisible" par l'électorat. Elle est aussi source de frictions au sein de l'UMP.

Ainsi plusieurs voix, et non des moindres, Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet, et le président du Sénat Gérard Larcher, ont prôné "à titre personnel" un vote pour le PS face au FN.

Rappelant qu'il "y aurait exclusion (de l'UMP) s'il y avait des alliances avec le FN", M. Copé les a mis en garde contre le "piège" consistant à "prendre l'UMP en tenaille entre le FN d'un côté et le PS de l'autre".

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