Les foyers de tensions se multiplient en Côte d'Ivoire, où les violences post-électorales ont provoqué la mort de 18 personnes au cours des sept derniers jours, selon l'Onuci. Des affrontements ont eu lieu ce jeudi à Abobo.
Les Forces nouvelles (FN), alliées du président reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, poursuivent leur offensive pour conquérir les villes de l’ouest du pays, région plutôt favorable à Laurent Gbagbo. Face à eux, les alliés du président sortant sont prêts à en découdre jusqu’au bout.
"C’est un carrefour très important. Donc le camp Gbagbo n’entend pas laisser cette ville. Du côté du camp Ouattara, ils maintiennent la pression. Certaines allégations laissent à penser que le ravitaillement en armes des mercenaires pro-Gbgabo passerait par là", explique Caroline Dumay, l’envoyé spéciale de FRANCE 24 à Abidjan.
Flambée de violence à Abidjan
Pendant ce temps,
Abidjan, la capitale économique, s’enfonce dans la spirale de la violence. Au moins 12 personnes, selon des témoins, ont été tuées ce jeudi à Abidjan par des tirs à l'arme lourde sur un fief d'Alassane Ouattara, président ivoirien reconnu par la communauté internationale, une des attaques les plus meurtrières depuis le début de la crise post-électorale.
Cette attaque visant une nouvelle fois le quartier d'Abobo, dans le nord de la capitale économique, renforce la crainte que la Côte d'Ivoire bascule dans la guerre civile.
"La situation est tendue et extrêmement fragile, la population est apeurée. Les rues sont quasiment désertes et dès la nuit tombée, les habitants s’imposent eux-mêmes un couvre-feu", explique à FRANCE 24, Hamadoun Touré, porte-parole de l’Onuci, l’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire.
Mardi soir, un imam a été tué dans le secteur de Port-Bouët 2, une enclave pro-Ouattara située dans le quartier de Yopougon, bastion du président sortant Laurent Gbagbo.
Dans la nuit de mardi à mercredi, la clinique médicale de l’Onuci à Attécoubé a accueilli 55 personnes après des affrontements dans un quartier du nord d’Abidjan. Quatre personnes ont succombé à leurs blessures.
"Les foyers de violences se multiplient dans la capitale, les combats sont de plus en plus sanglants et les victimes parmi la population civile de plus en plus nombreuses. On voit beaucoup d’hommes en armes dans les rues d’Abidjan, beaucoup d’hommes prêts à se battre", raconte Caroline Dumay.
Selon le
dernier bilan de l’ONU, 410 personnes ont été tuées depuis le début de la crise née de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010.
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La vie et l'économie au quotidien à Abidjan
L’urgence humanitaire
Dans l’ouest du pays et à Abidjan, les combats provoquent des déplacements de populations tandis que les victimes de violences rencontrent de plus en plus de difficultés à se faire soigner. Bain de sang, insécurité, ruptures de stocks de médicaments…Les organisations humanitaires tirent la sonnette d’alarme.
L'ONG Human Rights Watch accuse les forces fidèles au président sortant d'avoir commis des viols, exécutions et tortures confinant aux crimes contre l'humanité, tout en chargeant les forces pro-Ouattara pour crimes de guerre.
Dans un c
ommuniqué publié mardi, l'ONG Médecins sans frontières, en charge de l’hôpital d’Abobo-Sud à Abidjan, a fait part de son inquiétude sur la
dégradation de la situation. " En l’espace de deux semaines, 129 patients, dont 81 souffrant de blessures par balle et à l’arme blanche, ont été reçus aux urgences, et 31 cas graves ont été opérés" , observe le Dr Mego Terzian, responsable des urgences à MSF .
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Des Ivoiriens fuient vers le Libéria
La Commission européenne doit décider aujourd’hui du montant de son aide - entre 5 et 35 millions d'euros - en faveur des centaines de milliers de personnes fuyant les violences en cours en Côte d'Ivoire.
Hamadoun Touré, porte-parole de l'Onuci, rappelle néanmoins l'ordre des priorités : "Nous avons demandé un corridor humanitaire afin de pouvoir soigner les gens. Il faut également rétablir l’eau et l’électricité dans les villes qui en sont privées. Mais le plus important n’est pas l’argent. C’est de sécuriser les gens et de rétablir la paix ".