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Paris et Londres appellent l'UE à reconnaître le Conseil national de transition

La France et le Royaume-Uni appellent leurs partenaires européens à reconnaître le Comité national de transition libyen (CNT) et à envisager une action militaire. Jeudi, Paris a reconnu le CNT comme seul représentant légitime du peuple libyen.

AFP - La France et la Grande-Bretagne sont disposées à participer à des actions "ciblées" contre les forces du régime de Mouammar Kadhafi si ces dernières font notamment usage "d'armes chimiques" ou bombardent la population, a déclaré vendredi le président Nicolas Sarkozy.

"La France a toujours été très réservée sur l'intervention militaire et l'intervention de l'Otan, car les révolutions arabes appartiennent aux Arabes", a réaffirmé le président français, devant la presse, en arrivant à un sommet des dirigeants des pays de l'UE consacré à la situation en Libye et sur la rive Sud de la Méditerranée.

L’UE divisée sur la position française

Berlin juge la situation "encore trop confuse pour décider comment on doit procéder", a expliqué le secrétaire d'État allemand aux Affaires étrangères, Werner Hoyer. "Nous ne voulons pas être aspirés dans une guerre en Afrique du Nord", avait dit auparavant le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle.

Quelques heures après l’annonce de l’Élysée, un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères a indiqué que les membres du Conseil national de transition (CNT) étaient des "interlocuteurs valables" avec qui ils espèrent "collaborer étroitement".

La représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, présente à la réunion de l’Otan, a estimé qu'il valait mieux se garder de reconnaître trop précipitamment et "de matière unilatérale […] certains groupes".

"De notre point de vue, toute reconnaissance devrait être menée par la Ligue arabe et discutée à l'ONU. Cela de doit pas être une décision unilatérale", a ajouté son porte-parole.

Catherine Ashton a aussi fait valoir que toute initiative européenne sur l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne en Libye devait être prise en étroite coordination avec l'ONU et la Ligue arabe.

Mais "avec (le Premier ministre britannique) David Cameron, les Anglais et les Français, nous avons dit notre disponibilité, à la condition expresse que les Nations unies le souhaitent, que la Ligue arabe l'accepte et que les autorités libyennes que nous souhaitons voir reconnues le désirent, à des actions ciblées purement défensives, au seul cas où M. Kadhafi ferait usage d'armes chimiques ou de l'aviation contre des populations qui manifestent sans violence", a-t-il affirmé.

Il a aussi plaidé pour que l'Union européenne reconnaisse, à la suite de la France, l'opposition libyenne au régime de Mouammar Kadhafi représentée par le Conseil national de transition (CNT).

M. Sarkozy a en outre proposé à ses partenaires "la création de zones humanitaires en Afrique du Nord" pour "gérer la question angoissante" des "déplacés", suite au conflit en Libye.

"La France défend la position suivante: les changements dans un certain nombre de pays arabes ont une dimension historique. La démocratie est un droit pour tous les peuples du monde, ce n'est pas un droit réservé aux seuls peuples européens, aux seuls peuples occidentaux", a martelé M. Sarkozy.

"La France demande donc à l'Europe de réaffirmer la volonté commune du départ du colonel Kadhafi et de reconnaître les autorités libyennes telles qu'elles se sont exprimées, avec ce conseil de l'opposition libyenne", a-t-il ajouté, en faisant allusion au Conseil national de transition (CNT) en Libye.

Selon le chef de l'Etat, "rien ne serait pire que d'avoir un pays qui se retrouverait dans la situation de la Somalie, sans dirigeant et sans représentant, quelles que soient par ailleurs les questions légitimes sur la représentativité des uns et des autres".

La France a été, jeudi, le premier pays, et pour le moment le seul, à avoir reconnu le CNT comme "représentant légitime du peuple libyen" et a annoncé un échange d'ambassadeurs.