Au lendemain de la déclaration d'une député de la majorité, Chantal Brunel, suggérant de "remettre dans les bateaux" les immigrés, le Premier ministre François Fillon a désavoué ces propos, comme une grande partie de la classe politique française.
AFP - François Fillon a désapprouvé mercredi devant l'Assemblée nationale les propos tenus la veille par la députée UMP Chantal Brunel, qui avait suggéré "de remettre dans les bateaux" les immigrés "qui viendraient de la Méditerranée", tout en prenant acte de ses excuses.
Le Premier ministre a pris l'initiative de s'exprimer en réponse à une question sur le sujet de Marcel Rogemont (SRC) à l'adresse du ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.
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Harlem Désir, numéro deux du Parti socialiste, le 08/03
"Derrière chaque migrant il y a une destinée humaine qui doit être respectée. Chantal Brunel a tenu des propos que nous n'approuvons pas et sur lesquels elle s'est excusée", a déclaré M. Fillon, sous les yeux de l'intéressée.
Rappelant "la tradition humaniste" de la France, il a souligné que, dans le cadre d'une prise en charge collective, à l'échelle européenne, Paris pourrait être conduit à accueillir des populations "en danger".
Dans le même temps, s'agissant de la Libye, M. Fillon a souligné la nécessité de "créer des zones humanitaires qui permettent d'accueillir les populations déplacées pour éviter qu'elles deviennent des populations immigrées alors qu'elle ont vocation à rester dans leurs territoires".
Ces questions seront débattues "lors de la réunion exceptionnelle du Conseil européen qui se tiendra vendredi", a-t-il noté.
Le Premier ministre a ensuite contre-attaqué en disant regretter "que l'opposition se saisisse de ces quelques phrases pour se donner bonne conscience et pour faire des amalgames douteux".
"Je sais bien que depuis quelques jours c'est l'extrême droite qui fixe le calendrier médiatique et politique. Et bien cela doit cesser! Et pour que cela cesse, chacun doit prendre ses responsabilités", a-t-il clamé.
Lundi, François Fillon avait évoqué la responsabilité de la gauche dans la montée du FN, fustigeant les "formules (...) absolument odieuses" de l'opposition à l'encontre de Nicolas Sarkozy.
"Nous avons la responsabilité collective d'élever le débat républicain et d'engager la prochaine campagne présidentielle +projet contre projet+ et pas +invective contre invective+", a poursuivi le chef du gouvernement.
Les propos de Chantal Brunel, qui réagissait aux sondages plaçant Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle de 2012, ont suscité la polémique et été désapprouvés au sein même de la droite, notamment par le patron de l'UMP Jean-François Copé.
Mercredi, à l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement François Baroin les a jugés "à titre personnel (...) regrettables".
"Je crois d'ailleurs qu'ils ont été regrettés par l'auteure elle-même. Ca ne fait pas partie, évidemment, des éléments de langage qui sont les nôtres et ça n'est pas digne de l'UMP", a-t-il ajouté.
Mardi soir, sur le site du Nouvel Observateur, Chantal Brunel avait dit regretter que ses propos aient choqué, sans s'amender sur le fond.
"Si j'ai pu blesser quelqu'un en utilisant des mots qui ont pu choquer, je m'en excuse, mais vraiment, si on ne peut plus utiliser des mots qui ont été utilisés par le Front national, nous allons faire son lit", avait-elle jugé.