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Les forces alliées reprennent une position des insurgés shebab

Les troupes gouvernementales somaliennes et la force de l'Union africaine (Amisom) ont repris aux miliciens islamistes des Shebab une position stratégique au nord de Mogadiscio. Une vaste offensive est en cours depuis le 19 février.

AFP - Les forces pro-gouvernementales somaliennes ont repris samedi le contrôle d'une ville frontalière avec le Kenya dans le cadre d'une vaste offensive contre les insurgés shebab qui a fait de nombreux morts dans les rangs de la force de l'Union africaine à Mogadiscio.

Samedi matin, une coalition de forces alliées au gouvernement fédéral de transition a chassé les troupes insurgées de la ville de Bulo Hawo, située à la frontière avec le Kenya et l'Ethiopie, selon des sources concordantes.

"Nous avons le contrôle total" de la ville, a déclaré à la presse Mohamed Abdi Khalif, responsable de district local.

Un commandant shebab, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a confirmé le retrait des combattants insurgés de la ville samedi, ajoutant toutefois qu'il s'agissait d'un repli stratégique.

"Nous reprendrons Bulo Hawo. Les troupes shebab qui se sont retirées pour des raisons militaires ne sont pas loin", a-t-il affirmé.

Les shebab, qui se réclament d'Al-Qaïda, contrôlent la plus grande partie du sud et du centre de la Somalie et ont juré la perte du gouvernement fédéral de transition (TFG) soutenu par la communauté internationale.

Les troupes pro-gouvernementales qui ont repris la ville sont composées de miliciens dirigées par le chef de guerre local Barre Shire Hirale et de membres du groupe armé soufi Ahlu Sunna wal Jamaa, appuyés, selon plusieurs sources sécuritaires interrogées par l'AFP, par des éléments de l'armée éthiopienne qui ont procédé à des tirs d'artillerie pendant ces combats.

Bulo Hawo, qui jouxte la ville kényane de Mandera, avait déjà été reprise aux shebab en octobre 2010 avant d'être abandonnée quelques semaines plus tard par les forces pro-gouvernementales sur fond de dissensions avec le TFG.

Les récents combats de Bulo Hawo ont été déclenchés en même temps que l'offensive des forces gouvernementales et de la force de l'Union africaine (Amisom) à Mogadiscio, à partir du 19 février.

L'ouverture simultanée de ces fronts --un troisième ayant été ouvert à Beledweyne (centre-ouest)-- vise semble-t-il à étirer les lignes shebab et à les empêcher de concentrer toutes leurs troupes sur Mogadiscio.

Après avoir neutralisé un réseau de tranchées et de tunnels à Mogadiscio, utilisé par les insurgés pour leur approvisionnement et pour des opérations d'infiltrations, les forces du TFG et le contingent burundais de l'Amisom avaient livré le 23 février une sanglante bataille pour reprendre des positions stratégiques dans le nord de la ville.

Selon des sources militaires concordantes, l'Amisom a enregistré dans cette offensive les plus grosses pertes depuis son déploiement en mars 2007, bien au-delà des huit morts officiellement reconnus par la force.

"Le bilan officiel donné jusqu'ici est totalement faux. En réalité, 43 soldats du contingent burundais de l'Amisom ont été tués, quatre autres sont portés disparus et 110 ont été blessés au cours de la dernière offensive conjointe gouvernement somalien-Amisom à Mogadiscio", a annoncé à l'AFP une source militaire à Mogadiscio qui a requis l'anonymat, jointe par téléphone.

Un haut responsable de l'Amisom et le commandant en chef de la force ont refusé samedi à Nairobi de dévoiler le nombre exact des victimes dans leurs rangs, préférant insister sur l'importance des positions reprises aux insurgés, notamment le bâtiment de l'ancien ministère de la Défense, qui domine le nord de la capitale, et l'ancienne usine laitière.

"Les positions que nous avons conquises ces deux dernières semaines brisent l'étau des militants extrémistes dans la ville de Mogadiscio", a ainsi assuré devant la presse Wafula Wamunyinyi, représentant adjoint pour la Somalie de la commission de l'Union africaine.