Au 18e jour du soulèvement qui secoue la Libye, des milliers de migrants continuent d'affluer à la frontière tunisienne. L'ONU invite la communauté internationale à mettre en place d'urgence un plan d'évacuation humanitaire.
AFP - L'ONU a lancé mardi un "appel urgent" à la communauté internationale en vue d'une évacuation humanitaire massive de dizaines de milliers de personnes fuyant la Libye et attendant actuellement du côté libyen de la frontière avec la Tunisie de pouvoir entrer dans ce pays.
Le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont lancé en commun cet appel.
La situation à la frontière entre la Libye et la Tunisie a atteint un niveau critique après le passage de 70.000 à 75.000 personnes ayant fui les répressions depuis le 20 février, et environ 40.000 personnes, notamment des Egyptiens, attendent aujourd'hui à la frontière côté libyen, selon le HCR.
Dans leur communiqué, les deux organisations indiquent avoir mis au point, en "consultation avec les gouvernements tunisien et égyptien, un programme commun d'évacuation qui vise à améliorer considérablement les efforts" pour faire face à "la crise humanitaire à la frontière de la Tunisie".
Elles demandent à la communauté internationale de "fournir d'urgence des moyens financiers et logistiques massifs, dont des avions, des bateaux et du personnel spécialisé".
Les deux organisations qualifient cette opération d'"essentielle" car, explique le HCR, la situation à la frontière "empire d'heure en heure" en raison de la surpopulation.
Plus tôt mardi, Melissa Fleming, porte-parole du HCR a indiqué dans un point de presse que le bureau du HCR à Tripoli qui demeure ouvert et fonctionne avec une équipe locale recevait des appels désespérés de réfugiés et de demandeurs d'asile pris au piège en Libye.
Le HCR s'inquiète plus particulièrement du sort de certains migrants originaires d'Afrique sub-saharienne qui sont empêchés de franchir la frontière tunisienne.
Ce sont "ceux qui ont le plus peur en ce moment", a insisté la porte-parole de l'agence de l'ONU, faisant état de messages provenant de personnes se disant "attaquées par des locaux qui disent qu'ils sont des mercenaires".
"Nous craignons que le racisme joue un rôle", s'est-elle inquiétée, appelant à ce que "toutes les frontières, terrestres, aériennes ou maritimes (soient) ouvertes d'une manière non discriminatoire pour quiconque cherche à fuir".
De son côté, une porte-parole de l'OIM, Jemima Pandya, avait expliqué que d'autres groupes de migrants, à la frontière tunisienne, dont des Népalais, des Ghanéens et des Nigérians, "avaient un besoin urgent d'aide", étant forcés de dormir à la belle étoile par des "températures glaciales".