Les troupes rwandaises et ougandaises, intervenues dans l'est de la République démocratique du Congo pour lutter contre les rebelles, quitteront le pays à la fin du mois de février, a annoncé samedi le président congolais Joseph Kabila.
AFP - L'opération des armées congolaise et rwandaise dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) ne dépassera pas la fin février, a affirmé samedi le président congolais Joseph Kabila à Kinshasa.
"D'ici quinze jours, la RDC et le Rwanda feront l'évaluation de l'opération lancée le 20 janvier par les armées congolaise et rwandaise pour traquer les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et sa durée ne dépassera pas le mois de février", a assuré M. Kabila qui s'exprimait publiquement lors d'un point de presse, pour la première fois depuis le début de l'opération le 20 janvier.
L'opération, tenue secrète, avait commencé à l'aube par l'entrée de centaines puis de milliers de soldats rwandais dans la province du Nord-Kivu frontalière du Rwanda, provoquant la surprise, voire l'hostilité de la population de Kinshasa.
Elle avait notamment été qualifiée de "grave" par le président de l'Assemblée nationale, Vital Kamerhe.
Concernant le chef historique de la rébellion congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), Laurent Nkunda qui, depuis 2004, défiait le pouvoir, le président Kabila a affirmé avec force que le chef rebelle, arrêté le 22 janvier au Rwanda, sera extradé.
"Il sera extradé. Mais c'est un processus qui est en cours. Nkunda n'est pas un sac de haricot ou de riz. Il y a un processus. On y travaille", a-t-il dit.
Au sujet de Bosco Ntaganda, chef d'état-major de la rébellion du CNDP passé dans le camp de Kinshasa, et sous le coup d'un mandat de la Cour pénale internationale (CPI), le chef de l'Etat a affirmé qu'il optait pour "la paix et la sécurité" dans l'est de son pays.
"Pour moi, le choix est clair. La paix et la sécurité du Nord-Kivu passent avant toute chose. Toute option qui mettrait en cause cette volonté sera vouée à l'échec", a-t-il martelé, assurant que la RDC était le seul pays de la région dont la collaboration avec la CPI était exemplaire.
Le ralliement de Ntaganda et de la plupart des commandants du CNDP à l'armée congolaise (FARDC) avait considérablement affaibli Nkunda, et permis ensuite son arrestation au Rwanda.
La Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc) a déclaré samedi "qu’elle ne participera à aucune opération dans laquelle M. Bosco Ntaganda sera appelé à jouer un rôle à quelque niveau que ce soit".
Bosco Ntaganda est recherché par la CPI pour enrôlement d'enfants en 2002-2003 en Ituri, district voisin du Nord-Kivu.
Le président congolais a affirmé que, sur le terrain, le gouvernement a récupéré "presque" toutes les positions qui étaient sous le contrôle du CNDP.
Il s'est félicité de l'intégration "accélérée" des combattants du CNDP et des miliciens Mai Mai des Patriotes résistants congolais (Pareco).
Au sujet de la polémique suscitée par les déclarations du président Nicolas Sarkozy sur la solution de la crise dans l'est de la RDC, Kabila a refusé d'engager une polémique.
"M Sarkozy sera en mars ici. Vous allez lui poser vos questions. De toute manière, les décisions congolaises se prennent ici, pas à Bruxelles, ni à Paris ou Washington", a-t-il poursuivi.
Le président français avait évoqué à Paris "la question de l’avenir du Rwanda", pays "à la démographie dynamique et à la superficie petite" et "la question de la RDC, pays à la superficie immense et à l’organisation étrange des richesses frontalières".
Ces propos avaient suscité une levée de bouclier en RDC, notamment dans la presse kinoise, qui parlait de projet de "balkanisation" de la RDC.