La deuxième ville du pays, qui s'était soulevée le 15 février dernier contre le régime du colonel Kadhafi, est passée aux mains des insurgés, selon le constat de plusieurs journalistes. Une victoire célébrée ce mercredi par les habitants.
À en croire les témoins joints par les agences de presse Reuters et AFP, Benghazi, épicentre de la contestation libyenne, a atteint son but : la ville portuaire est, depuis lundi, aux mains des insurgés.
Le correspondant de Reuters, Alexander Dziadosz, sur place, décrit les habitants portant au vent le drapeau d’avant l’ère Kadhafi. Dans la deuxième ville du pays, les combats ont désormais cessé et l’heure est à la fête. À chaque coin de rue, les insurgés dansent, jouent de la musique, jubilent, font le V de la victoire. Ils distribuent également des boissons et de la nourriture aux passants. Les slogans et les graffitis "À bas Kadhafi" souillent les murs des bâtiments publics. Et, partout, le même constat : les gens sont fous de joie.
Des scènes de liesse qui contrastent – étonnamment – avec les informations provenant de la capitale Tripoli qui fait toujours l’objet d’une répression meurtrière. Mais rien ne semble venir perturber les habitants de cette ville de 700 000 habitants, qui s’est soulevée le 15 février dernier. Pas même le discours halluciné du guide libyen, prononcé la veille qui menace de mort les manifestants armés. "Tout le monde se moque ici de Mouammar Kadhafi et de son discours, voilà la réaction du peuple de Benghazi", confiait Mohamed Nabous, un des observateurs de FRANCE 24, interviewé par Euronews, ce mercredi.
Les habitants restituent les armes
Les habitants ont également indiqué aux journalistes de Reuters que les anti-Kadhafi contrôlaient tout le nord-est du pays, c'est-à-dire la région qui s'étend de la frontière égyptienne jusqu'à Ajdabiya, en passant par Tobrouk et Benghazi. Une information confirmée par le quotidien anglais The Guardian et par des journalistes de l’AFP qui ont constaté, sur place, que des hommes armés, disposés tout au long de l’autoroute qui longe la côte méditerranéenne, supervisent désormais la région et surveillent les points de contrôle désertés par les militaires.
Le colonel Kadhafi, qui s'accroche au pouvoir, n'a pas reconnu sa défaite. "J'ai mon fusil et je me battrai jusqu'à la dernière goutte de sang" a-t-il déclaré hier. Des effets d'annonce qui n'inquiètent en aucun cas Mohammed Nabous. "Il n’existe aucun signe, aucune représentation de ce gouvernement ici… Nous sommes entièrement libérés du gouvernement de Khadafi", raconte-t-il à Euronews.
Forts de cette victoire, les insurgés prônent désormais un retour à la normale. Les imams, les comités de jeunes et d’intellectuels appellent désormais la population à abandonner les armes prises aux forces de sécurité, relate un habitant, contacté par Reuters. "Les citoyens commencent à collecter les armes à Benghazi et les ramènent car, ils se sentent, dorénavant, en sécurité", confie à l'agence de presse, Ali, un autre habitant, étudiant de 18 ans et "fier de [son] pays".
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(Crédit photo : a7fadhomar / Flickr)