L'opposition, qui exige toujours la démission du gouvernement, a entamé des concertations en vue d'une éventuelle reprise du dialogue avec les autorités. Les syndicats ont levé leur appel à la grève générale, leurs exigences ayant été satisfaites.
AFP - Des milliers de Bahreïnis occupaient dimanche la place de la Perle à Manama, épicentre de la contestation du régime, alors que l'opposition se concertait avant d'entamer un dialogue avec le pouvoir.
"La nuit s'est passée sans problème", déclare Tahar, un étudiant qui dit n'avoir pas dormi pour monter la garde, avec des dizaines d'autres jeunes, sur cette place devenue le symbole de la contestation lancée le 14 février.
"Nous avons peur de voir les forces de sécurité nous attaquer par surprise comme elles l'avaient fait jeudi" lorsque la police a donné l'assaut à l'aube contre les protestataires en plein sommeil, faisant quatre tués, ajoute-t-il.
itLa place a été reconquise par les manifestants, en majorité chiites, samedi après le retrait de l'armée ordonné par le prince héritier Salman ben Hamad Al-Khalifa.
Pour sa part, l'union générale des syndicats de Bahreïn a annoncé dimanche avoir levé son mot d'ordre de grève générale, estimant que ses demandes d'un retrait de l'armée de Manama et du droit de manifester avaient été satisfaites.
L'union avait appelé samedi à une grève générale illimitée à partir de dimanche pour exiger notamment la liberté de manifester pacifiquement, sans intervention des forces de l'ordre.
Entre-temps, les mouvements de l'opposition tenaient des concertations pour "élaborer un document résumant leurs positions", y compris la mise en place d'une commission qui se chargerait de "l'élaboration d'une Constitution à soumettre à un référendum", selon Ali al-Assouad, élu du mouvement chiite Al-Wefaq.
L'opposition a réaffirmé dimanche qu'elle maintenait comme préalable au dialogue avec le pouvoir la démission du gouvernement responsable selon elle de la répression sanglante de la contestation populaire.
"Le gouvernement qui n'a pas pu protéger son peuple doit démissionner et les responsables du massacre doivent être jugés", a déclaré à l'AFP Abdel Jalil Khalil Ibrahim, chef du bloc parlementaire du Wefaq, principal mouvement de l'opposition chiite.
"L'opposition ne refuse pas le dialogue" proposé par le prince héritier, "mais réclame une plate-forme qui favorise le dialogue", a-t-il ajouté.
itLe prince héritier a proposé le dialogue après la mort de six manifestants, tués cette semaine par la police, puis il a ordonné à l'armée de se retirer de Manama et aux forces anti-émeutes de ne pas s'opposer aux manifestants, accédant à deux des revendications de l'opposition.
Le choix de cheikh Salman pour mener le dialogue avec l'opposition est "un bon choix", a jugé le chef d'un mouvement de gauche, Ibrahim Sharif, ajoutant toutefois qu'il "ne peut pas prédire s'il s'agit d'une initiative sérieuse de la part du régime ou d'une simple manoeuvre politique".
L'opposition veut que le pays se transforme en véritable monarchie constitutionnelle où le Parlement élu désignerait le chef du gouvernement alors que ce poste est occupé depuis 1971 par l'oncle du prince héritier, cheikh Khalifa ben Salman Al-Khalifa.
Les postes clés du gouvernement sont aussi aux mains de membres de la famille royale des Al-Khalifa, des sunnites, qui règnent sur le pays à majorité chiite.
Profondément inquiet des conséquences de la contestation populaire à Bahreïn, le royaume saoudien a appelé les opposants bahreïnis à accepter le dialogue avec les autorités et rejeté toute ingérence étrangère dans les affaires de ce pays. Les Emirats arabes unis ont lancé un appel similaire.
Les monarchies du Golfe avaient proclamé jeudi leur soutien total à Bahreïn, parent pauvre du club des riches pays pétroliers avec des réserves pratiquement taries.
A Londres, le patron de la Formule 1 Bernie Ecclestone a affirmé dimanche que le Grand Prix de Bahreïn, prévu le 13 mars, pourrait être couru à une date ultérieure si les manifestations antigouvernementales dans ce pays devaient contraindre les organisateurs à la repousser.