Nos téléphones portables sont une nouvelle cible pour les hackers. Le nombre de virus sur smartphone a en effet plus que doublé en 2010. Pour contrer ces hackers, des sociétés se sont spécialisées dans le cyber-sécurité sur mobile. Le journal Intelligence Economique d’Ali Laïdi a enquêté sur une de ces sociétés basée à Helsinki.
F-Secure est une des sociétés leader en matière de cyber-sécurité sur mobile. Mikko Hypponen dirige depuis 19 ans les laboratoires de recherche de la société. Il est aussi l’une des personnes les plus influentes dans le monde en matière de virus. Selon lui, lors de l’achat d’un téléphone portable peu de personne se posent des questions sur les virus : "Les consommateurs ne sont pas habitués, c’est quelque chose de nouveau" explique-t-il, avant de nous faire pénétrer dans les laboratoires de F-Secure.
F-Secure est une des premières sociétés à travailler sur la protection des mobiles. Pour son directeur Kimmo Alkio, c’était une stratégie évidente : "En raison de la rapide évolution du nombre de smarthpone dans le monde, la prise conscience des défis en terme de sécurité augmente elle aussi de plus en plus rapidement".
En effet en 2013, huit personnes sur dix accèderont à Internet via un terminal mobile. Avec 630 millions de personnes qui utilisent aujourd’hui la 3G et des marchés indiens et chinois très prometteurs, les créateurs de virus devraient se multiplier dans les années à venir.
Pour contrer ces nouveaux pirates du web, la société finlandaise a mis au point un sas, à l’abri de toute forme de radiation. A l’intérieur les chercheurs peuvent manier des virus, sans contaminer les autres téléphones de l’entreprise.
Les virus s’attaquant aux mobiles ne sont aujourd’hui pas très nombreux. Mikko Hypponen en répertorie autour de 500. Mais pour des entreprises qui souhaitent protéger leurs données confidentielles, ces virus sont un véritable danger.
"Les pirates peuvent avoir accès aux e-mails de leur cible. Dans beaucoup de cas, ils peuvent aussi voir leur calendrier, les fichiers partagés au sein de l’entreprise et avoir accès à tous les contacts de l’entreprise, poursuit Mikko Hypponen, ce qui rend accessibles des informations confidentielles telles que les business plan ou les projets de fusions".
Selon lui, "les créateurs de virus vont bien finir par réaliser qu’il y a plus de téléphones que d’ordinateurs sur la planète. Et donc qu’il est rentable d’attaquer des téléphones portables que des ordinateurs".
Christophe Bianco, General manager chez Qualys, une autre société de cyber-sécurité, tire également la sonnette d’alarme. "Dans passé les virus était l’œuvre de quelqu’un qui cherchait à se faire connaître. C’était une action destructive. Aujourd’hui, avec la consumérisation de la vie, les organisations criminelles cherchent à monétiser l'information qu'ils recueillent pour la revendre". Identifiant, mot de passe, numéro de carte de crédit, « les dangers sont d’autant plus grands si l’utilisateur travaille pour entreprises qui est en train de faire une OPA sur une autre », poursuit Christiano Bianco.
Selon lui, les hackers responsables de ces actions malicieuses, sont en réalité des organisations très structurées.
La menace est donc proche et devrait s’amplifier dans les années à venir. A l’heure où l’on nous propose de payer nos achats en ligne sur mobile, nul doute que les entreprises devraient exiger des anti-virus livrés en kit, sur tous les Smartphone de leur personnel. Une question élémentaire de sécurité.