Les ministres des Finances des pays du G20 se réunissent à Paris pour tenter de se mettre d'accord sur la réalité des déséquilibres économiques mondiaux. La France, qui préside le G20, essaie de minimiser les divergences d'intérêts.
À Paris, lors du sommet du G20, il sera essentiellement question des déséquilibres de l’économie mondiale. Mais les grands argentiers du G20 discuteront aussi de matières premières et de politique de change.
Pendant deux jours, les ministres des Finances de ce club des 20 États les plus riches accompagnés des présidents de leurs banques centrales respectives vont tenter d’harmoniser leurs violons. Mais les divergences politiques et commerciales très fortes entretenues par les remous provoqués par la crise économique risquent de parasiter les débats.
Les trois points de discordes de ce sommet du G20 financier :
- Les déséquilibres économiques mondiaux
L'un des enjeux de ce sommet est d'apprécier la réalité des disparités économiques entre les pays du G20 afin de mieux redistribuer les fruits de la croissance mondiale. L’objectif est louable, mais pour l’atteindre, les participants au G20 de Paris vont devoir tomber d’accord sur des indicateurs concrets.
C’est là que les choses risquent de se corser. Cinq critères possibles ont déjà été identifiés : solde des comptes courants, taux de change réels, réserves de change, déficit et l'endettement publics, et épargne privée. L'un d'eux pose particulièrement problème : le solde des comptes courants dans lequel la balance commerciale joue un rôle important. Des États comme la Chine ou l’Allemagne craignent qu’on finisse par leur reprocher leurs fortes exportations. La ministre française de l’Économie, Christine Lagarde, a déjà commencé à déminer le terrain, ce jeudi, lors d'une conférence organisée à Paris par l'Institute of International Finance. "Ce que nous nous ne voulons pas, c'est dire à tel ou tel pays : arrêtez d'être compétitif, arrêtez d'exporter", a-t-elle expliqué. Elle évoque plutôt des "lignes de conduite" plus consensuelles… et plus floues.
- La régulation du marché des matières premières
itLe président français Nicolas Sarkozy y tient. Il souhaite faire de la lutte contre la spéculation sur les marchés des matières première son cheval de bataille à la tête du G20. "Il y aura un débat à ce sujet", a encore confirmé la ministre française de l’Économie, Christine Lagarde.
Mais le débat risque d’être houleux, car la responsabilité de la spéculation dans l’envolée des prix des matières premières ne fait pas consensus. Début 2011, une étude de la Commission europénne a conclu qu’il n’y avait pas de corrélation entre les deux. Des pays comme le Brésil et l’Argentine, importants producteurs de matières premières sont, de plus, fermement opposés à une régulation des prix et craignent que la France ne tente d’en imposer une. Du coup, Christine Lagarde a dû de nouveau mettre de l’eau dans le vin de Nicolas Sarkozy. "On ne veut pas proposer une administration des prix, pas du tout ", a-t-elle expliqué sans pour autant préciser ce que la France voulait.
- Politique des changes
La guerre que se livrent depuis près d'un an les États-Unis et la Chine sur la sous-évaluation du Yuan reste au coeur des préoccupations. A ce propos, Christine Lagarde a répété que la Chine "devait laisser sa monnaie s’apprécier plus librement". Mais, pour ne pas mettre Pékin d’entrée de sommet dans le box des accusés, elle a repris une autre idée à laquelle la Chine est plus favorable.
Ainsi, la France devrait plaider en faveur d’un rôle plus important du Yuan. Elle devrait proposer que la monnaie chinoise fasse partie du panier de devises du FMI – appelé droit de tirage spéciaux – qui remplace actuellement l’or dans les grandes transactions internationales. Une manière pour la France d’indiquer que la monnaie chinoise doit être traitée avec les mêmes égards que le dollar.