
Les chrétiens d'Irak sont la cible d’enlèvements et de meurtres perpétrés par des insurgés, chiites comme sunnites. Ils sont accusés de soutenir les "envahisseurs croisés". Reportage : L. Menget, G.Martin, M. Ibrahim.
Retrouvez le carnet de route de Lucas Menget en Irak.
Victimes de persécutions ou de meurtres, les chrétiens de Bagdad vivent cachés. Depuis cinq ans, les violences sont leur quotidien. Dans le quartier de Karrada – au cœur de la capitale – l’Eglise chaldéenne de Babylone est la seule qui ait accepté d’ouvrir ses portes à notre reporter.
La rue est barrée et les murs de l’Eglise demeurent leur ultime protection. Mais ils n’ont pourtant pas empêché les attentats. Malgré cette tension, les chrétiens qui sont restés dans le quartier aiment venir le soir se détendre, entre eux, à l’abri.
Le père Medhat anime cette petite paroisse depuis trois ans et constate avec tristesse, mais sans désespoir, la fuite de ses fidèles : « Comme il y a encore quelques familles qui sont restées ici, je reste avec elles. Si je constatais que plus personne ne venait à la messe, il n’y aurait plus de raison de rester ».
Sur les 1200 familles que comptait la paroisse en 2003, seules cent n’ont pas fui au Kurdistan ou à l’étranger. L’un de ses paroissiens n’a pas bougé, il est résolument optimiste. William Warda explique : « Cette culture de violence, de massacre vient de l’étranger. Ce n’est pas la culture irakienne. »
Malgré les violences, les solidarités de voisinage n’ont pas toutes volé en éclat, comme en témoigne un autre paroissien : « Bien sûr, j’ai des amis musulmans dans le quartier. Ici, les musulmans nous ont aidé, par exemple pour protéger l’Eglise »
Depuis quelques mois, le nombre de morts diminue, ravivant ainsi l’espoir de la paroisse de voir revenir des chrétiens à Bagdad.