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La presse internationale se délecte des frasques sexuelles de Berlusconi

La justice milanaise a ordonné la comparution immédiate, le 6 avril prochain, du Cavaliere qui devra répondre des accusations de prostitution de mineure dans l'affaire du Rubygate. Un procès largement commenté dans la presse internationale. Extraits.

Déjà impliqué dans deux scandales sexuels avec des prostituées – qui répondaient aux doux noms de Noemi et Patrizia –, Silvio Berlusconi, le chef du gouvernement italien, devra cette fois-ci faire face à la justice dans une troisième retentissante affaire de moeurs : le Rubygate.

Ruby, du nom de cette jeune Marocaine, Karima El Mahroug, que le chef du gouvernement aurait rémunérée pour ses prestations sexuelles, entre février et mai 2010, était âgée de 17 ans au moment des faits. Le président du Conseil italien comparaîtra devant la justice, le 6 avril prochain, pour "prostitution de mineure" mais également pour "abus de fonction". Il est soupçonné d'être intervenu auprès du préfet de police de Milan afin de faire libérer la jeune femme arrêtée pour le vol de 3 000 euros. Ce troisième round de la saga judiciaire des aventures sexuelles tarifées du Cavaliere fait sans surprise, les choux gras de la presse mondiale.

"Play-boy" et "machiste" pour la presse outre-Atlantique

"Silvio Berlusconi doit faire face au plus grand challenge de sa vie", titre ce mercredi matin le International Herald Tribune qui consacre, à la une de son édition, tout une colonne à l’affaire du Rubygate. Le quotidien américain, qui revient point par point sur le déroulement des faits, n’omet pas d’écorcher l’image de machiste que revêt le chef du gouvernement italien. "Silvio Berlusconi sera jugé par un collège de trois magistrates. Une présence féminine que son avocat, Piero Longo, n’a pas manqué de souligner en ces termes : Super ! Nous avons toujours apprécié les femmes. Surtout lorsqu’elles sont agréables… ".

Outre-Atlantique, cette réputation de "play-boy" selon le terme employé par The Wall Street Journal, lui colle à la peau. Le quotidien déplore ainsi que l’annonce du procès se transforme en "un test de popularité" plutôt qu’en "un jugement politique". Le 24 janvier dernier, le New York Times, passionné par le sujet, avait même analysé le passage télévisuel de Ruby sur une chaîne italienne. Surnommée "Ruby-la-voleuse-de-cœur", l'article n’épargnait pas la jeune fille dont le comportement était jugé aussi "surréaliste" que "tragi-comique".

"Un homme qui décrédibilise la démocratie"

En Europe, la presse est également virulente. À l’image du Financial Times qui ne fait l’impasse ni sur l’homme ni sur le politique. Dans son édition du jour, le quotidien anglais déplore dès les premières lignes "la bassesse des faits" reprochée au chef du gouvernement, avant de dresser un portrait au vitriol de sa gestion du pays. "C’est un homme qui, à la manière de la Stasi [du nom de la police secrète est-allemande durant la guerre froide, ndlr] met sur écoute des personnes qui n’ont rien à se reprocher et espionne leur vie".

Un ton acerbe – voire offusqué - que l’on retrouve dans les colonnes du quotidien espagnol El País : "Ce procès est un événement sans précédent ; jamais encore un ministre n’avait fait face à des délits si graves en plein exercice de ses fonctions". Et le journal de poursuivre : "l’exécutif passe ses semaines à essayer de freiner les problèmes judiciaires d’un homme au plus bas dans les sondages, qui décrédibilise la démocratie et met en péril la réputation de l’Union européenne aux yeux du monde".

De son côté, le quotidien anglais the Guardian a préféré surfer sur la vague humoristique en revenant sur les fameuses soirées "bunga bunga" de Berlusconi (comprendre les soirées de "sexe anal de groupe"), décriées lors des dernières manifestations de femmes contre le Cavaliere, dimanche dernier. Le 22 janvier déjà, le quotidien exploitait le filon de la plaisanterie en analysant le comportement du chef italien avec l’aide de… Rocco Sifredi, la star mondiale du X. "La vérité, expliquait l’acteur, c’est que les Italiens sont fiers de Berlusconi, qui, à 74 ans, aime le sexe et a une vie sexuelle bien remplie".

Dans les colonnes des journaux français, peu de réactions si ce n’est un rappel des faits. C’est dans les éditoriaux de la presse régionale que l’on découvre ce mercredi quelques jolies formules stylistiques. Ainsi, Le Courrier Picard évoque "un palier de franchi dans l'échelle de l'extravagance", Le Journal de la Haute-Marne préfére, lui, esquinter l’image de séducteur du Cavaliere : "de l'audace, toujours de l'audace pour ce personnage finalement pathétique qui veut se convaincre que la prédation de toutes jeunes femmes constitue l'apanage du pouvoir".

Mais, c’est à La Repubblica, le journal d’opposition italien, que revient la palme du mépris. Le quotidien, qui n’a jamais caché le peu d’estime qu’il a pour le Cavaliere, ne voit plus qu’une seule issue de secours pour sauver l’image politique de son pays : les élections anticipées. Sans cela, "son instinct populiste [de Berlusconi, ndlr] le conduira à incendier le Palais [du Quirinal, ndlr], attaquer la magistrature et salir les institutions jusqu’à leur destruction définitive" peut-on lire dans l’éditorial de ce mercredi. Une vision apocalyptique de l'institutionnel italien qui s’accorde avec la personnalité du patron du pays, estime la Repubblica. "La politique n’est même plus capable de distinguer l’homme du chef de gouvernement. Elle est condamnée à le suivre jusqu’au bout de ses obsessions. Je pense et j’espère que, maintenant, le peuple a définitivement compris que la coupe est pleine", conclut Ezio Mauro, le journaliste.