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Un islamiste modéré, Sharif Cheikh Ahmed, élu président

Le cheikh Sharif Cheikh Ahmed, dirigeant islamiste modéré de l'Alliance pour la nouvelle libération de la Somalie (ARS), a été élu dans la nuit de vendredi à samedi président de la Somalie, par les députés somaliens réunis à Djibouti.

AFP - Le chef des islamistes modérés somaliens, cheikh Sharif Cheikh Ahmed, a été élu samedi président de la Somalie par le Parlement de transition somalien réuni à Djibouti en raison des violences généralisées en Somalie depuis le début d'une guerre civile en 1991.

Cheikh Sharif, chef de l'Alliance pour une nouvelle libération de la Somalie (ARS) a obtenu la majorité des voix des parlementaires dans la nuit de vendredi à samedi au second tour du scrutin, selon un journaliste de l'AFP présent au dépouillement.

Au 1er tour, organisé vendredi soir, cheikh Sharif était arrivé largement en tête avec 219 voix des 430 parlementaires ayant participé au scrutin devant Maslah Mohamed Siad Barre (60 voix), fils du défunt président Mohamed Siad Barre, dont le renversement a marqué le début de la guerre civile somalienne.

Le Premier ministre sortant, Nur Hassan Hussein, présenté comme l'un des favoris du scrutin, était arrivé en 3e position au 1er tour avec 59 voix.

Le Parlement devait élire un nouveau chef de l'Etat après le départ du président Abdullahi Yusuf Ahmed, poussé à la démission fin décembre.

Le chef de l'Etat a été élu par un nouveau Parlement de transition, élargi ces derniers jours aux islamistes modérés et à des représentants de la société civile.

"Il n'y a que quelques candidats majeurs malgré une longue liste de prétendants (...). Certains sont de véritables candidats, d'autres veulent juste ajouter une ligne à leur CV", avait expliqué à l'AFP avant le scrutin un parlementaire, Hussein Mohamed Jama, selon qui la caution de 2.000 USD exigée pour se présenter avait dissuadé nombre de parlementaires de se présenter.

L'élection s'est déroulée dans un climat de violences persistantes en Somalie. Les parlementaires ont dû se réunir à l'étranger. Les shebab, insurgés islamistes opposés aux institutions de transition, ont pris lundi la ville de Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio), siège du Parlement.

Dans le cadre d'un processus de paix porté à bout de bras par la communauté internationale entre l'opposition islamiste modérée et le gouvernement de transition, la réunion du Parlement débutée la semaine dernière visait à la fois à élargir la représentation du Parlement aux islamistes modérés et à choisir un chef de l'Etat plus consensuel que M. Yusuf, hostile à toute négociation avec les islamistes.

L'ARS souhaite faire avancer le processus de paix et surtout démontrer qu'elle peut faire plus sur le terrain que n'a fait jusqu'à présent le gouvernement de transition.

"Nous avons besoin de consolider cette paix: rétablir la loi et l'ordre, pour les jeunes qui ont fait la guerre, créer du travail, poursuivre la réconciliation entre les communautés, et surtout faire renaître l'espoir après 19 ans de guerre civile", selon Mohamed Abdi Mohamed "Gandhi", député de l'ARS et conseiller de cheikh Sharif.

De son côté, le Premier ministre sortant voit dans l'élection d'un nouveau président un moyen de poursuivre le processus de paix. "L'élection fait partie de mes efforts pour mettre fin à la guerre civile de manière pacifique", a-t-il dit jeudi à l'AFP.

Le Premier ministre a été l'un des principaux artisans de l'ouverture de négociations avec les islamistes modérés.

Cheikh Sharif avait posé pour condition à un processus de processus de paix avec le gouvernement de transition le retrait de l'armée éthiopienne du pays.

Addis Abeba a affirmé le 25 janvier que toutes ses troupes avaient quitté le sol somalien, ouvrant à la voix à l'entrée des partisans de cheikh Sharif au Parlement et à son élection à la présidence.