Considéré comme le candidat idéal de la gauche pour battre Nicolas Sarkozy en 2012, Dominique Strauss-Kahn caracole en tête des sondages. Mais des enquêtes récentes accréditent l'idée d'un déclin de sa cote de popularité. Décryptage.
Désigné tour à tour homme politique préféré des Français et candidat idéal de la gauche pour battre Nicolas Sarkozy en 2012, Dominique Strauss-Kahn règne en maître incontesté sur la démocratie d’opinion française incarnée par la multitude de sondages publiés ces derniers mois dans le pays. Sa cote de popularité atteint en effet des niveaux records, alors qu’on ignore toujours si celui-ci sera candidat aux primaires socialistes, à cinq mois de la date de clôture des candidatures.
Une cote de popularité trompeuse
Tenu à l’écart des joutes politiciennes hexagonales, restant volontairement à distance des sondages flatteurs, le directeur général du Fond monétaire international (FMI) use à plein de son devoir de réserve imposé par sa fonction à Washington pour entretenir le suspens sur ses projets. "Même si l’extraterritorialité et le silence de DSK irritent le monde politico-médiatique, cette posture lui est pour l’instant très profitable à la lecture des sondages", constate Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion à l'Ifop. Selon lui, plusieurs facteurs expliquent la cote de popularité élevée de DSK."Ses compétences dans le domaine de l’économie sont reconnues et son positionnement social-démocrate lui permet de séduire au-delà de la gauche. Mais surtout, il apparaît comme le meilleur candidat pour battre Nicolas Sarkozy, et dans le climat anti-sarkozyste qui domine actuellement en France, c’est un atout décisif", analyse-t-il.
La tendance pourrait toutefois rapidement s’inverser. Selon Jérôme Fourquet toujours, il faut s’attendre à ce que la cote de popularité de l'ex-ministre de l'Économie se tasse au moment où il dévoilera ses intentions. "Il devra se positionner sur des sujets sensibles, tout en articulant son propre projet avec celui du Parti socialiste (PS) et en répondant aux attaques de la droite, ce qui pourrait mécaniquement lui coûter des points", conclut-il.
Sondages contradictoires
Déjà, certains instituts de sondages ont récemment publié des enquêtes contradictoires sur le directeur du FMI, laissant croire à un déclin de sa cote de popularité. La petite phrase prononcée le 10 février par Anne Sinclair - dans une interview à l'hebdomadaire "Le Point", celle-ci a affirmé ne pas souhaiter un second mandat de son compagnon à la tête du FMI - a semble-t-il influencé certains sondés.
Selon l’institut Ipsos, DSK chute ainsi de 7 points, à 51 % d’opinions favorables, dans le palmarès des leaders politiques publié le 14 février. Il dégringole de la première à la cinquième place du classement. Pis, le socialiste perd 14 points chez les sympathisants du PS par rapport au mois de janvier, et 18 points depuis décembre.
Par ailleurs, selon un sondage Ifop pour "France-Soir" réalisé les 10 et 11 février et publié le 14, DSK recule de 2 points, à 46 %, chez les sympathisants socialistes comme candidat préféré pour la présidentielle. Mais si l’on se fie au même institut, cette fois pour "Paris-Match", une enquête effectuée également les 10 et 11 février, démontre que le patron du FMI recueille 79 % d'opinions positives et arrive en tête du classement mensuel des personnalités politiques. Un record personnel alors que la cote de popularité du président Nicolas Sarkozy stagne à 37 % de bonnes opinions.
Une cacophonie qui s’explique, selon le directeur adjoint du département opinion à l'Ifop, "par la formulation des questions posées aux sondés, de la date de l’enquête et des marges d’erreurs propres aux sondages d’opinions". Ce dernier estime qu’il faut attendre 15 jours ou un mois pour voir si cette érosion de la cote de popularité de DSK se confirme. "Les sondés ne se précipitent pas pour interpréter les microsignes venus de Washington pour se prononcer, comme peuvent le faire les journalistes et les hommes politiques", souligne-t-il.