Quatre jours après le discours de l'ex-vice-président égyptien annonçant le départ de Moubarak, l'homme qui se trouvait derrière lui pendant son allocution est en passe de devenir l’un des premiers phénomènes Internet 100 % arabophones...
On ne parle plus que de lui sur les réseaux sociaux arabaphones. "Vous voulez la vérité ? Les trois choses les plus célèbres actuellement en Égypte sont la place Tahrir, Wael Ghonim et l’homme [photographié] derrière Omar Souleimane" lors de la désormais célèbre intervention télévisée de l'ex-vice-président égyptien, le 11 février, au cours de laquelle il a annoncé la démission du président Hosni Moubarak. Si celui-ci est bien moins connu que les deux premiers symboles de la révolution égyptienne cités par cet internaute sur Facebook mardi, c'est pourtant lui, en effet, qui fait aujourd'hui le buzz sur la Toile...
Depuis lundi, #TheGuyBehindOmarSuleiman est ainsi devenu l’un des mots clefs les plus populaires du pays sur Twitter. Et sur Facebook, des dizaines de milliers de messages tournent autour de cette question désormais à la mode : "Qui est cet inconnu présent lors de ce moment historique ?"
Obama ou livreur de pizza
Sur le mode de l'humour potache, l’inconnu du 11 février est devenu une sorte de nain de jardin virtuel. Son visage à l’air menaçant s'est retrouvé collé un peu partout à travers l’espace et le temps. Les petits plaisantins du Web le placent derrière Martin Luther King, en compagnie du président égyptien Anouar el-Sadate ou bien avec le président américain Barack Obama. Plus trivial encore, "l’homme derrière Omar Souleimane" est transformé en personnage de Matrix ou plus simplement en livreur de pizza... Sur Twitter, des internautes du monde arabe, hilares, affirment que c’est Wael Ghonim - le désormais célèbre représentant de Google au Moyen-Orient - avec un masque ou déclarent qu’Omar Souleimane a décidé de changer son nom pour "L’homme qui est devant l’homme qui est derrière Omar Souleimane".
Cette mode du copié-collé qui se propage à la vitesse du clic n’est pas sans rappeler
plusieurs autres phénomènes du même type passés à la postérité virtuelle. On parle alors de "mèmes". Il s’agit d’images, de sons ou de vidéos que les internautes s’approprient par centaines de milliers pour les détourner. Les LoLcat - des photos de chats ridicules - comptent parmi les plus célèbres et constituent une part importante de la culture Internet.
Un peu de respect
Jusqu’à présent, les "mèmes" étaient d’origine quasi-exclusivement occidentale, même si quelques-uns sont originaires d’Asie. Dans le monde arabe où l’Internet est souvent soumis à une certaine forme de contrôle - sinon de censure -, l’espace de liberté manquait jusqu'à présent pour que ces blagues prennent suffisamment d’ampleur pour acquérir un tel statut. La rapide propagation du "guybehindomarsouleimane" serait alors également le symbole d’une nouvelle liberté acquise chez les internautes arabophones.
Reste que le phénomène n’est pas du goût de tout le monde. Depuis mardi matin, le mystérieux inconnu ne l’est d'ailleurs plus vraiment. Une page Facebook, qui serait la sienne, a, en effet, vu le jour. Celui-ci se présente comme Husein Charif, un colonel des forces spéciales égyptiennes… et demande qu’on le respecte davantage.
Manque d’humour de la part de l'intéressé ? Certains montages photographiques le montrant en compagnie d’Adolf Hitler avaient, certes, de quoi choquer... Mais les messages d’excuses commencent à affluer sur Facebook et Wael Ghonim lui même l'affirme : il ne faut pas "le prendre mal [...], c’est juste pour rigoler".