![Street Art : un courant en plein essor Street Art : un courant en plein essor](/data/posts/2022/07/13/1657755218_Street-Art-un-courant-en-plein-essor.png)
Graffitis ou pochoirs, les citadins ont pris l’habitude de voir leurs rues et métros envahis par des tags et fresques de toutes sortes. Mais soupçonnent-ils l’essor de cette forme d’art et d’expression qui devient un véritable marché ?
C’est avec Jean-Michel Basquiat (1960-1988) que l’art de rue va prendre son envol. Cet artiste afro-américain se fait connaître par ses graffitis, à la fois humoristiques et énigmatiques sur les murs de Soho qu’il signe sous le pseudonyme SAMO (same old shit). Il peint l’histoire du peuple noir, le jazz et les réalités urbaines et débarque avec fulgurance sur le marché international de l’art.
Très vite, l’artiste expose ses travaux aux côtés des plus grands de l’époque comme Keith Haring ou Barbara Kruger. Dans les années 80, l’artiste et son art explosent : il collabore avec Andy Warhol, sort avec Madonna et fait la une du New York Times Magazine en 1985 dans un numéro intitulé "New Art, New Money : The Marketing of an American Artist". (Art nouveau, argent nouveau, le marketing d’un artiste américain). Considéré comme un graffitiste surdoué, il rejoint le Panthéon des peintres célèbres et ses œuvres ont une réelle cote sur le marché de l’art contemporain. La valeur de ses œuvres peut aller de 20 000 à 450 000 € pour les plus belles toiles.
Cet artiste qui serait originaire de Bristol combine les techniques du graffiti et du pochoir pour faire passer des messages mêlant souvent ironie, irrévérence et activisme politique. C’est d’abord dans des lieux insolites de Londres que Banksy tague des singes avec des armes de destructions massives, des rats armés de perceuses ou encore des petites filles enlaçant un missile. Une de ses œuvres les plus connues est sans doute la petite vietnamienne brulée au napalm qui tient par la main Mickey Mouse et Ronald McDonald.
Il se fait connaître du monde entier en 2005, en peignant sur le mur séparant Israël de la Cisjordanie des fenêtres s’ouvrant sur des paysages idylliques. Très vite, il fait son entrée dans les musées et galeries les plus prestigieux, MOMA, Tate Gallery, et son art prend une valeur importante. L’année dernière, des propriétaires d’une maison ont vendu un de leur mur aux enchères. Vente conclue à 246 000 €.
Cette cote élevée difficilement compatible avec les valeurs anticapitalistes que l’artiste affiche est un grand écart que Banksy a lui-même reconnu devant un journaliste du New Yorker : "Les prix que mes travaux atteignent ces derniers temps me gênent un peu, mais c’est un problème à résoudre - au lieu de te plaindre tu en fais don. Je ne crois pas qu’il soit possible de faire de l’art inspiré par la pauvreté dans le monde puis d’empocher le pactole. Ce serait trop ironique, même pour moi".
Space Invader est le projet d’un artiste contemporain anonyme qui envahit les villes du monde entier de mosaïques représentant des petits personnages à l’effigie de ces héros de jeux vidéos des années 70. Ces monstres aux couleurs et tailles souvent variables sont cimentés sur les murs. L’invasion commence à Paris en 2000 et se propage très vite à Londres, Berlin, New York, New Dehli où plus récemment en Birmanie : l’artiste s’engage.
Plus qu’un artiste sauvage, celui qui se fait appeler Invader est devenu une référence en matière de Street Art. En parallèle de son invasion dans la rue l’artiste expose et ce commerce lui permet de continuer à développer son invasion. Il s’explique à FRANCE 24 : "Les expositions institutionnelles ou en galerie sont pour moi un développement logique de mon travail. Ce que l’on peut voir dans la rue n’est qu’une partie de ma production".
Aujourd’hui Invader est un artiste reconnu aussi bien par ses spectateurs extérieurs que par le marché de l’art. La cote du street art est en constante augmentation depuis Basquiat et prend une large place sur le marché de l’art contemporain. Olivier Nouvellet, galeriste spécialiste du Street Art à Paris explique ce phénomène : "Au départ, ces artistes qui s’expriment sur des murs, des trains n’ont aucune idée mercantile mais ils sont très vite récupérés par le système. L’art de rue est coté et ses artistes sont, dans une certaine mesure, encadrés par le marché. Ils en sont conscients et ils marchent avec".
L’artiste Invader exploite lui aussi sa cote puisqu’il a une gamme de produits dérivés de son invasion. Basket, livres "maps", tee-shirts ou même autocollants sont en vente en ligne et permettent ainsi à l’artiste de subvenir à ses achats répétés de carrelage et de continuer son invasion.
Pour certains galeristes, ces artistes qui font le paysage urbain ne représentent pas un courant et ne sont qu’une inspiration ; pour d’autres en revanche, ces artistes anonymes parfois à la limite du vandalisme, ont une cote bien montante et s’impose sur le marché de l’art contemporain. Pour exemple, Miss Tic - artiste de rue française - a vu certaines de ses œuvres partir à 20 000 €. Cela représente parfois le double d'artistes contemporains reconnus.