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Alors que les syndicats doivent se retrouver lundi 2 février pour décider des suites à donner au mouvement social, Nicolas Sarkozy a fait savoir qu'il serait à l'écoute des revendications, mais qu'il ne comptait pas ralentir ses réformes.

Reuters - Nicolas Sarkozy a confirmé jeudi sa volonté de maintenir le dialogue avec les syndicats mais sans la moindre concession à leurs revendications, au soir d'une journée de grève et de manifestations massives.

Si ce mouvement a rassemblé un à 2,5 millions de personnes dans toute la France, selon les estimations, le mouvement reste trop disparate pour déboucher sur une crise de grande ampleur, estiment des analystes interrogés par Reuters.

Un avis partagé par le chef de l'Etat, qui a passé la journée au Palais de l'Elysée où il a enchaîné les réunions.

Dans un communiqué publié en début de soirée, il a réaffirmé que la crise économique suscitait une "inquiétude légitime" et imposait aux pouvoirs publics un "devoir d'écoute" et de "dialogue" mais également "une grande détermination à agir".

Il a ainsi déclaré qu'il rencontrerait en février les partenaires sociaux "afin de convenir des réformes à conduire en 2009 et des méthodes pour les mener à bien".

Cette réunion sur l'agenda social "était prévue, elle est simplement confirmée", et portera essentiellement sur le travail et l'emploi "et peut-être la protection sociale", précise l'entourage du chef de l'Etat.

Pour le reste, le message reste le même : pas question de faire une pause dans les réformes ni de mettre en chantier un
nouveau plan de relance alors que celui qui a été présenté le 4 décembre n'est encore que partiellement en vigueur.

La mobilisation de jeudi est "la traduction d'inquiétudes et d'une demande de protection, adressée au pouvoir, plus que d'une contestation du pouvoir", a déclaré à Reuters le président de l'institut de conseil politique Isana, Jérôme Sainte-Marie.

"C'est un coup de semonce, un cri du coeur et d'exaspération plus qu'une volonté de déstabiliser le président", renchérit
Jean-Daniel Lévy, directeur de CSA-Opinion.

Mais en l'absence d'une alternative politique crédible, "la crise joue en faveur de Nicolas Sarkozy", estime Jérôme
Sainte-Marie.

Le chef de l'Etat a certes déjà adapté son discours à la montée des mécontentements provoquée par la crise économique la plus grave qu'ait connu le monde depuis 80 ans.

Situation paradoxale

Plus question de dire, comme le 5 juillet dernier devant des cadres et des militants de l'UMP : "Désormais, quand il y a une grève, personne ne s'en aperçoit."

Lors d'un déplacement à Châteauroux, dans le centre de la France, mardi, il a ainsi pratiquement légitimé le mouvement de jeudi en jugeant "normal" et "sain" que des Français protestent.

Mais il a ajouté que, s'il devait "écouter tous ceux qui se plaignent", il ne ferait "pas grand-chose".

Nicolas Sarkozy entend "répondre à la crise" et non à la mobilisation de la rue et il n'est pas question pour lui de dévier du cap qu'il s'est fixé, souligne un de ses conseillers.

"Il n'est pas question de changer de message en réponse à la manifestation", ajoute ce conseiller.

Les syndicats se retrouvent lundi pour décider des suites à donner à la journée de jeudi. Mais ces prolongements sont pour le moins hypothétiques, tant les divisions syndicales restent profondes malgré l'unité affichée ce 29 janvier.

"La situation est paradoxale", souligne Jérôme Sainte-Marie. "L'inquiétude des Français est très forte, leur jugement sur la
politique économique du gouvernement négatif, ils appprouvent massivement cette journée. Mais ce n'est pas du tout l'annonce d'un grand mouvement social comme en 1995."

Si la crise peut provoquer ponctuellement des mouvements violents de protestations, lors de la fermeture d'usine, par
exemple, la diversité des revendications affaiblit le mouvement, estiment les analystes interrogés par Reuters, à l'unisson de l'Elysée.

"On a une juxtaposition de revendications. On n'arrive pas à lire une revendication claire", explique le directeur de CSA-Opinion, Jean-Daniel Lévy.

Malgré la multiplication des plans sociaux et des mises en chômage technique, la mobilisation de jeudi semble en outre
avoir assez peu touché le secteur privé.

"Or les mouvements sociaux réellement menaçants sont ceux qui s'étendent au secteur privé" et la montée du chômage,
redevenu la préoccupation numéro un des Français, ne favorise guère une telle extension, souligne Jérôme Sainte-Marie.