Le ministre chargé du Développement rural, Jimmy Lemi Milla, a été abattu mercredi par son chauffeur. Il s'agirait d'un différend d'ordre privé. En janvier, les Sud-Soudanais ont voté pour l'indépendance de leur région, effective en juillet prochain.
AFP - Le ministre de la région semi-autonome du Sud-Soudan chargé du développement rural et des coopératives, Jimmy Lemi Milla, et son garde du corps ont été tués par balles mercredi apparemment dans un différend d'ordre privé, a indiqué un porte-parole de l'armée sudiste.
"Il y a eu des tirs au complexe ministériel, lors desquels le ministre des Coopératives et du développement rural a été tué, ainsi que son garde du corps", a indiqué un porte-parole de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) Philip Aguer à l'AFP.
Selon des témoins, le meurtrier est entré dans la voiture de M. Lemi, garée devant le ministère, a saisi une arme à feu que le garde du corps avait laissée là. Il est ensuite entré dans le bureau du ministère et a tiré à plusieurs reprises.
"Il a tiré sur le ministre, deux fois au front, deux fois aux épaules et une fois au bras. Le ministre est mort sur le coup", a affirmé Thomas Wani Kondo, un député.
Selon lui, l'homme a ensuite tué le garde du corps du ministre, avant d'être maîtrisé. Les services de sécurité l'ont ensuite placé en détention.
M. Kondo a ajouté que l'assaillant était originaire de la même région que le ministre avec qui il était lié par alliance et pour qui il avait travaillé avant d'être renvoyé. Il voulait se venger, selon lui.
"Il voulait réclamer son salaire qu'il n'avait pas touché les deux derniers mois", a précisé M. Kondo.
En faisant état de l'arrestation de l'assaillant, M. Kondo a ainsi remis en cause la version donnée auparavant par un porte-parole de l'armée sudiste qui affirmait que l'homme pourrait s'être suicidé.
Ce porte-parole de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), Philip Aguer, avait par ailleurs indiqué à l'AFP que le ministre et son assaillant étaient "issus du même groupe ethnique". "Il est possible qu'il s'agisse d'une affaire personnelle".
Le meurtre de mercredi jette une ombre sur l'euphorie suscitée lundi par l'annonce officielle des résultats définitifs du référendum du Sud-Soudan de janvier, prévu par l'accord de paix de 2005 qui avait mis fin à plus de deux décennies de guerre.
La victoire écrasante du oui (98,83%), largement célébrée à Juba, ouvre la voie à l'indépendance du Sud-Soudan.
"La situation est calme désormais", a estimé mercredi le porte-parole de la SPLA. "Mais c'est un jour très triste pour le peuple du Sud-Soudan".
Jimmy Lemi Milla appartenait au groupe ethnique Bari. Membre du Parti du congrès national (NCP) du président Omar el-Béchir, il avait rejoint le Mouvement de libération du peuple du Soudan (SPLM) lors de la signature entre Khartoum et les rebelles sudistes d'un accord de paix en 2005.
Il avait été nommé ministre l'année dernière après le décès du ministre sud-soudanais de l'Agriculture et du haut responsable de la SPLA Samson Kwaje.
M. Kwaje est mort six mois après les élections d'avril dernier, et a été remplacé par la secrétaire générale adjointe du SPLM, Anne Itto Leonardo, alors ministre du Développement rural et qui a laissé sont poste vacant.