, envoyé spécial au Caire – La coupure du réseau Internet en Égypte est d'une ampleur jamais vue, mais elle n'aura pas porté un coup fatal à la contestation. Un cyberactiviste explique que les militants réussissent à se mobiliser, notamment grâce au réseau mobile.
Depuis le 28 janvier, les Égyptiens n’ont plus accès à Internet. Les autorités ont muselé l'accès à la Toile qui fut à l’origine de la mobilisation. Coupés de leur moyen de communication favori, les jeunes Cairotes tentent de s’adapter. Bassem Fathi, 26 ans, cyberactiviste et responsable au sein de l’ONG "Egypt Democratic Academy" répond aux questions de FRANCE 24.
FRANCE 24 : Comment faites-vous pour vous organiser sans accès à Internet ?
Bassem Fathi : Le pouvoir, qui ne s’est pas seulement contenté de bloquer l’accès à Facebook et Twitter, a cru pouvoir nous faire taire en coupant les internautes égyptiens du monde entier. Le gouvernement ne veut plus que nous puissions lancer des appels à manifester ou poster des photos et des vidéos pour montrer ce qui se passe dans le pays. On s’est adapté à cette nouvelle donne. Le mouvement s’est transformé, il s’agit désormais d’une révolution populaire et spontanée.
F24 : Concrètement, comment se déroule une journée de manifestation ?
Bassem Fathi : Vendredi, lorsqu'en plus d’Internet, le réseau de téléphonie mobile était bloqué, nous avons utilisé partiellement le téléphone fixe et créé un centre d’information téléphonique à l’attention des activistes. Depuis le rétablissement du réseau mobile samedi, chaque petit groupe d’amis ou de collègues communique à petite échelle notamment par SMS. Le message passe ainsi de bouche à oreille. On se fixe des points de rendez-vous dans la capitale avant d’aller manifester ensemble contre ce régime liberticide.
F24 : Dans ce cas, comment expliquez-vous le maintien de la coupure d’Internet par le pouvoir ?
Bassem Fathi : Ce pouvoir se moque de l’économie et des moyens de communication du pays. Seule la sécurité lui importe aujourd’hui. Je pense qu’ils maintiendront la coupure tant que nous resterons dans la rue. Ne pas avoir accès à Internet représente un handicap important mais pas décisif, car seule une partie des Égyptiens a accès au Web. Le mouvement aurait pu être mieux coordonné et mieux organisé, mais nous n’aurions pas été forcément beaucoup plus nombreux. Connectés ou pas, nous ne reculerons pas, nos revendications sont légitimes.