C'est au numéro 1 mondial Roger Federer, indétrônable depuis 227 semaines, que le Français de 21 ans, Gaël Monfils, dispute une place en finale. Rafael Nadal s'opposera, lui, au serbe Djokovic.
AFP - Gaël Monfils devra se hisser au niveau d'un Rafael Nadal, le seul joueur à avoir dominé régulièrement Roger Federer sur terre battue ces dernières années, s'il veut atteindre vendredi la finale de Roland-Garros, ce qui serait une première pour un Français depuis 1988.
Monfils a-t-il les moyens de devenir le deuxième cauchemar du Suisse ? Le moins risqué est évidemment de répondre par la négative. Seul un provocateur oserait donner le 59e à l'ATP favori devant l'un des plus grands joueurs de l'histoire, vainqueur de douze titres du Grand Chelem, N.1 mondial indétrônable depuis 227 semaines, à peine moins redoutable sur l'ocre que sur les autres surfaces.
Il ne faut pas s'y tromper, c'est un formidable joueur de terre battue que le jeune Français de 21 ans va affronter pour sa première demi-finale en Grand Chelem. Si Roland-Garros est le dernier tournoi majeur qui se refuse au Suisse, c'est par la faute d'un seul joueur, Rafael Nadal, qui l'a stoppé trois fois lors des trois dernières années.
Justement, Monfils possède en commun avec le Majorquin quelques unes des qualités qui lui permettent de faire régulièrement tourner Federer en bourrique (huit fois en neuf confrontations sur terre).
Faire durer
La première est le pouvoir de faire durer l'échange en s'opposant aux offensives du Suisse grâce à des jambes à la fois explosives et endurantes.
Poussé à prendre des risques extrêmes pour faire le point, Federer finit toujours par commettre trop d'erreurs du fond du court lorsqu'il affronte Nadal.
Or Monfils a réussi une performance athlétique d'un tel niveau contre David Ferrer en quarts de finale qu'il est permis de penser qu'il ne se situe pas très loin du maître du genre en la matière.
La deuxième est son aptitude à frapper des balles très lourdes en coup droit pour pousser Federer à la faute sur son coup le moins fort, le revers. C'est par ce pilonnage intensif que Nadal réussit à faire craquer le Suisse.
Mercredi, le Français a lui aussi fait très mal à Ferrer avec ses balles très longues et bombées, rebondissant à hauteur d'épaule.
La troisième est la force mentale. Innée chez Nadal, elle est beaucoup plus récente, voire circonstancielle, chez le Français. Dernier Tricolore en lice, opposé au N.5 mondial sur un court central potentiellement inhibant, Monfils a fait preuve d'une étonnante résistance à la pression, et même plus, d'une aptitude euphorisante à se laisser porter par l'événement.
Avril à Monte Carlo
Tout ceci étant dit, Federer reste archi favori. Certes le Suisse arrive avec plus de défaites que les années précédentes (7). Mais il clame que tout est rentré dans l'ordre après ses problèmes de santé du début de l'année. S'il n'a pas toujours été splendide depuis le début de la quinzaine, le N.1 mondial a montré de très belles choses en quarts de finale contre Fernando Gonzalez.
A part la confiance née de son beau parcours à Paris, les atouts de Monfils ne datent pas d'hier et jusqu'à présent ils ne lui ont jamais permis d'inquiéter Federer, vainqueur de leurs trois confrontations sans perdre un set. La dernière remonte à six semaines à peine, sur la terre battue de Monte Carlo. La "Monf" s'était inclinée en deux sets 6-3, 6-4 sans qu'il y ait eu le moindre suspense.
On peut retourner le problème dans tous les sens, pas de doute, le Français créérait une gigantesque sensation en sortant Federer, comparable à celle qu'avait provoquée Jo-Wilfried Tsonga face à Nadal au même stade de la compétition à l'Open d'Australie.