
"Nous n'avions pas pris la juste mesure" de la "désespérance", a déclaré le président devant le corps diplomatique et la presse réunis à l’Élysée. Il a renouvelé son soutien à sa ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie.
Nicolas Sarkozy admet son erreur. "Derrière l'émancipation des femmes, l'effort d'éducation et de formation, le dynamisme économique, l'émergence d'une classe moyenne, il y avait une désespérance, une souffrance, un sentiment d'étouffer dont, il nous faut le reconnaître, nous n'avions pas pris la juste mesure", a expliqué le président français lors d'une conférence de presse axée sur la politique internationale de la France.
"Quand on est si proches, quand les destinées individuelles et collectives sont tellement imbriquées, on n'a pas toujours le recul nécessaire pour comprendre les sentiments de l'autre, bien mesurer ses frustrations, et sans doute ses angoisses", a-t-il également concédé devant le corps diplomatique français et un parterre de 300 journalistes.
itIl s’est toutefois défendu d’une trop grande proximité avec le président déchu Zine El-Abidine Ben Ali en rappelant que les autorités d’alors reprochaient à la France d’accueillir "la quasi-totalité de l’opposition tunisienne" en exil.
MAM voulait "éviter plus de drame"
Le chef de l’exécutif a également volé au secours de sa ministre des Affaire étrangères, Michèle Alliot-Marie, qui avait déclaré trois jours avant la chute de Ben Ali qu’elle souhaitait "un apaisement qui peut reposer sur des techniques de maintien de l’ordre (...)."
Pour Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie "n'avait pas la volonté, en quoi que ce soit, d'assurer quelque sentiment défavorable aux manifestants, mais simplement d'éviter qu'il y ait plus de drames".
"La forme a pu porter à polémique, j'essaie de me tenir éloigné des polémiques, les intentions, elles, étaient tout à fait transparentes", a-t-il concédé.
Elargissant son propos, Nicolas Sarkozy a revendiqué "une certaine réserve" de la France concernant les évènements se déroulant dans ses anciennes colonies et protectorats, et "spécialement en Algérie". "Le président de la République française doit tenir compte du poids de l'histoire dans le jugement qu'il porte sur l'évolution de chacun de ces pays", a déclaré Nicolas Sarkozy.
itOuattara, seul président "légitime" de Côte d’Ivoire
Sa position sur la crise politique en Côte d’Ivoire, autre pays historiquement lié à la France, est elle beaucoup plus tranchée. "Pour la France les choses sont claires : la Côte d'Ivoire a un seul gouvernement légal et légitime. Un seul. Celui que le peuple ivoirien s'est choisi et qui est reconnu par les Nations unies et par toutes les organisations africaines", a-t-il dit en référence à Alassane Ouattara, qui revendique la victoire lors du dernier scrutin présidentielle de novembre, tout comme le sortant Laurent Gbagbo.
it"Face au terrorisme, il n’y a que la fermeté"
Toujours en Afrique, la question des otages français retenus au Sahel et des menaces contre les intérêts français dans la région est rapidement venue ponctuée le fil de la discussion ouverte avec les journalistes.
Interrogé sur l’intervention française pour obtenir la libération des deux Français finalement tués au Mali, Nicolas Sarkozy a déclaré que "devant les cercueils, [il s'était] posé des questions (...)". Les deux jeunes, enlevés le 7 janvier à Niamey par des ravisseurs travaillant pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi),avaient été assassinés le lendemain au Mali pendant une opération militaire franco-nigérienne destinée à les libérer.
Mais "après mûre réflexion, je crois que c’était la seule décision à prendre", a ajouté le chef de l’État, visiblement ému. Pour Paris, "face au terrorisme, il n’y a que la fermeté, ou c’est votre sécurité à vous tous qui sera en danger", a insisté Nicolas Sarkozy, en désignant l'assemblée.
"A chaque fois qu'un Français est assassiné par des terroristes, la détermination de la France à lutter contre le terrorisme s'en trouve encore renforcée", a-t-il lancé.
Les sept otages français "encore en vie"
Interrogé sur les menaces d’Oussama Ben laden, qui a prévenu dans un message audio diffusé vendredi que la politique de la France allait lui "coûter cher", Nicolas Sarkozy a dit qu’il n’avait pas "l’intention de répondre à ce Monsieur, ni de près ni de loin".
Il s’est par contre voulu rassurant quant au sort des sept otages encore retenus en Afghanistan et dans la région du Sahel par des groupes islamistes. "Nous sommes certains qu’ils sont en vie", a déclaré Nicolas Sarkozy. Mais "moins j’en dirai, mieux ça se sera. Je comprends que la famille, les proches perdent [leur] sang froid et disent des choses. Mais nous, nous n’avons pas le droit de faire ça" a expliqué le chef de l’État.