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Carlos Ghosn s'explique sur l'affaire d'espionnage industriel au sein de Renault

Invité au journal de TF1 dimanche soir, le PDG de Renault a auparavant défendu l'enquête pour espionnage industriel menée au sein du groupe dans une interview au "JDD". les avocats des trois cadres mis en cause le somment de fournir des preuves.

REUTERS - Renault a suivi "les processus habituels" en entretenant pendant plusieurs mois le secret sur l’enquête interne qui l’a conduit à licencier trois de ses cadres soupçonnés d’espionnage industriel sur son programme de voitures électriques, déclare Carlos Ghosn, son PDG, dans un entretien paru dans le Journal du dimanche.

Les avocats des cadres exigent des preuves

Le PDG de Renault Carlos Ghosn doit "apporter les preuves" dans une affaire d'espionnage industriel qui "n'est jusqu'à présent qu'une formidable campagne de communication pour Renault", a affirmé dimanche dans différents médias Me Pierre-Olivier Sur, avocat de l'un des cadres soupçonnés. Alors que M. Ghosn doit s'exprimer dimanche à 20h sur TF1, l'avocat interpelle le PDG de Renault "pour qu'il énonce clairement les preuves retenues contre mon client Michel Balthazar, sans se réfugier derrière la règle du secret de l'enquête". Me Marie-Sophie Rozenberg, l'un des avocats de Bertrand Rochette, un autre cadre licencié par Renault, estime pour sa part que "les propos de M. Ghosn sont toujours aussi vides". "On ne nous explique pas ce qui est reproché précisément à mon client", affirme-t-elle à l'Agence France Presse.

Le parquet a annoncé le 14 janvier l’ouverture d’une enquête préliminaire de police sur ce dossier. Renault avait porté plainte contre X la veille "pour des faits constitutifs d’espionnage industriel, de corruption, d’abus de confiance, de vol et recel, commis en bande organisée".

Ghosn au courant depuis août 2010

Si les premières informations publiques sur les soupçons du groupe ne datent que du début du mois, les premières alertes internes remontent à près de cinq mois.

"Fin août, le déontologue du groupe, Christian Husson, qui est aussi notre directeur juridique, et le patron de la sécurité de Renault sont venus me voir", explique Carlos Ghosn dans l’entretien au JDD. "Ils m’ont fait part d’informations extrêmement préoccupantes sur l’intégrité de certains de nos collaborateurs de haut niveau."

Prié de s’expliquer sur les raisons qui ont conduit le groupe à garder l’information confidentielle, il explique que "Renault a des procédures très précises pour ce genre d’affaires". "J’ai décidé que les processus habituels devaient être utilisés", ajoute-t-il.

Il se refuse à préciser si Renault a fait appel à un détective privé pour mener ses propres investigations.

"Tous les éléments en notre possession sont aujourd’hui entre les mains de la justice", assure-t-il.

"Nous avons été irréprochables"

"Il ne me revient pas ici de rentrer dans les détails de ce que nous avons fait. Mais nous avons été irréprochables par rapport à la loi", affirme-t-il.

"Une enquête des services de contre-espionnage est ouverte depuis la semaine dernière. Je le répète, ils ont tous les éléments. Aujourd’hui, nous attendons que la justice fasse son travail", poursuit-il.

Les trois cadres visés par les soupçons de Renault, mis à pied dans un premier temps, ont été licenciés. Ils ont depuis annoncé le dépôt d’une plainte pour dénonciation calomnieuse ou diffamation selon les cas.

"Ce qui est visé, c’est notre stratégie dans la voiture électrique", explique encore Carlos Ghosn dans le Journal du dimanche. "Nous l’avons lancée en 2006 dans le scepticisme le plus total. Aujourd’hui, nous sommes les seuls au monde à fabriquer à la fois la batterie, les moteurs et les chargeurs, à produire l’ensemble du système."

"Quand un constructeur est en avance technologique, ne soyons pas naïfs, ca intéresse beaucoup de monde."

Il précise que les fuites ne correspondent pas à des informations « technologiques » mais qu’il pourrait s’agir d’informations sur le "modèle économique" de Renault dans l’électrique.

Carlos Ghosn assure qu’il n’a “pas de conviction” sur l’identité du destinataire de ces informations.

“Nous attendons les résultats de l’enquête dont on me dit qu’elle devrait durer plusieurs mois", dit-il.