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Les divergences entre Tel-Aviv et Ankara sur le raid contre la flottille persistent

La commission d'enquête israélienne chargée d'examiner le raid de Tsahal contre la "flottille de la paix", en mai dernier, blanchit Tel Aviv, sans surprise. Un autre rapport, turc celui-ci, dénonce "l'usage d'une force excessive".

AFP - La commission d'enquête israélienne chargée d'examiner les aspects légaux du raid meurtrier israélien contre une flottille d'aide internationale au large de la bande de Gaza le 31 mai 2010 a disculpé dimanche l'Etat hébreu.

Une attaque "disproportionnée", selon un rapport turc

La commission d'enquête turque chargée de faire la lumière sur l'assaut donné par Tsahal à la "flottille de la paix", en mai dernier, juge que "l'armée israélienne a fait usage d'une force excessive", selon son rapport préliminaire consulté par l'AFP. Selon des passagers - turcs et étrangers - auditionnés qui se trouvaient à bord du convoi, les commandos de marine israéliens ont ouvert le feu aussitôt après leur hélitreuillage sur le pont du ferry "Mavi Marmara". La commission turque estime que Tel Aviv doit dédommager les familles des victimes, selon les "termes du droit international".

Selon le rapport préliminaire des six membres de la commission d'enquête, dont deux observateurs internationaux, le blocus maritime du territoire palestinien et l'assaut des commandos israéliens pour empêcher la flottille de se rendre à Gaza étaient "conformes au droit international".

Les conclusions du rapport de la commission dirigée par le juge Yaacov Tirkel ne sont pas une surprise compte tenu des conditions de sa création et du mandat restreint dont elle disposait.

Un rapport destiné à cautionner l'intervention israélienne

"L'imposition d'un blocus maritime sur la bande de Gaza, compte tenu des raisons sécuritaires et des efforts d'Israël de remplir ses obligations humanitaires était légal et conforme au droit international", affirme le rapport.

La commission justifie le blocus et le raid par la nécessité "d'empêcher l'acheminement par voie maritime d'armes et de terroristes dans la bande de Gaza", sous contrôle du mouvement islamiste Hamas, rappelant que des "milliers de roquettes et d'obus de mortier ont été tirés" depuis 2001 contre le sud d'Israël à partir de ce territoire.

Le mandat de la commission Tirkel, fixé en juin dernier par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, était limité à vérifier la conformité au droit international de l'arraisonnement et du blocus maritime imposé à Gaza depuis 2006.

Destinée aux yeux du gouvernement israélien à cautionner l'opération navale face à la tempête de protestations qu'elle avait causée dans le monde, la commission Tirkel n'était pas habilitée à enquêter sur le processus de prise de décisions ni à recommander des sanctions personnelles contre les dirigeants politiques et militaires qui avaient préparé, ordonné ou conduit le raid.

La mort de neuf passagers turcs durant l'assaut israélien a provoqué une très grave crise dans les relations entre Israël et la Turquie, et soulevé une vague de réprobation internationale.

Selon le rapport, le recours à la force lors de l'arraisonnement du bateau-amiral turc Mavi Marmara de la flottille humanitaire internationale, "a été légal et conforme au droit international".

La commission relève que la flottille avait été dûment avertie de ne pas s'approcher de Gaza.

Des "conséquences regrettables"

Elle souligne l'opposition "très violente" à laquelle les soldats israéliens ont été confrontés lors de l'abordage du bateau de la part de militants de l'organisation humanitaire turque de tendance islamiste IHH.

Toutefois sur 6 des 133 cas d'usage de la force par les commandos de marine israéliens, la commission s'abstient de donner ses conclusions, estimant "ne pas disposer d'informations suffisantes".

La commission déplore par ailleurs les "conséquences regrettables en pertes de vie humaines et en blessures", relevant que neuf militaires israéliens ont été blessés au cours des affrontements.

Les deux observateurs étrangers de la commission Tirkel sont David Trimble, 66 ans, un ancien chef du Parti unioniste d'Ulster et prix Nobel de la paix 1998, et Ken Watkin, 59 ans, un ex-avocat général de l'armée canadienne.

Tags: Turquie, Israël, Gaza,