
Hamid Karzaï a repoussé l'inauguration de l'Assemblée nationale issue des dernières législatives. Les députés élus pressent le président de revenir sur cette décision prise après l'ouverture d'une enquête sur des fraudes présumées lors du scrutin.
AFP - Les députés afghans élus en septembre au cours de législatives entachées de fraudes tentaient vendredi de convaincre le président Hamid Karzaï d'assister dimanche à l'inauguration de la nouvelle Assemblée nationale, le chef de l'Etat ayant annoncé son report d'un mois.
Mercredi, la présidence avait annoncé que la session inaugurale, prévue dimanche, était reportée au 22 février, dans l'attente des jugements d'un tribunal spécialement créé par M. Karzaï pour enquêter sur les fraudes, en concurrence avec les décisions de commissions électorales pourtant prévues par la Constitution et qui ont validé les résultats définitifs.
Les parlementaires déclarés vainqueurs s'entretenaient vendredi avec le gouvernement de M. Karzaï, en visite officielle en Russie, afin de le faire revenir sur cette décision de report, a indiqué l'un d'eux à l'AFP, le député de Kaboul Alemi Balkhi.
"Nous espérons vivement que le président change d'avis et l'annonce demain ou après-demain", a-t-il poursuivi. "La Constitution prévoit que le président inaugure le Parlement".
"Les députés sont déterminés à inaugurer la nouvelle Assemblée dimanche et nous espérons vivement que le président y assistera", a conclu M. Balkhi.
"Nous poursuivrons nos efforts jusqu'au bout pour convaincre le gouvernement de participer à la cérémonie" dimanche, a renchéri Ahmad Behzad, un député de Herat, dans l'ouest.
Le report de l'installation de la nouvelle Wolesi Jirga (chambre basse) issue des législatives du 18 septembre, dont les résultats restent contestés, entraîne le pays vers une crise ouverte, estiment les politologues afghans et des diplomates occidentaux.
Les députés proclamés élus fin novembre par la Commission électorale indépendante (CEI) dénient toute légitimité au tribunal spécial mis en place par le président Karzaï, qui en a nommé les membres, et ils ont choisi l'épreuve de force en décidant d'installer l'Assemblée dimanche.
Deux camps s'affrontent désormais ouvertement: la CEI d'un côté, soutenue par les députés proclamés élus, et le président et "son" tribunal spécial de l'autre, soutenus par les battus, parmi lesquels d'influents soutiens pachtouns - du nom du groupe ethnique dont sont issus à la fois M. Karzaï et les insurgés talibans.
Les experts n'excluent pas une annulation totale du scrutin par le tribunal spécial, au vu des fraudes massives qui avaient déjà conduit la CEI à invalider un quart des bulletins.
A l'orée d'une année 2011 censée marquer le début de leur retrait d'Afghanistan, les alliés occidentaux de M. Karzaï, avec lequel les relations sont de plus en plus tendues depuis sa réélection sur fond de fraudes massives en 2009, suivent désormais de près cette crise politique.