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Jean-Marie Messier condamné à trois ans de prison avec sursis

Pour le tribunal correctionnel de Paris, Jean-Marie Messier s'est rendu coupable de "diffusion de fausse information aux marchés" et d'"abus de biens sociaux". L'ex-PDG de Vivendi, condamné à trois ans de prison avec sursis, compte faire appel.

AFP - Huit ans après sa démission forcée de la présidence de Vivendi Universal (VU), Jean-Marie Messier a été rattrapé par sa gestion contestée du groupe de medias et communication qui lui vaut une lourde condamnation: trois ans de prison avec sursis.

Le tribunal correctionnel de Paris a également condamné Jean-Marie Messier, 54 ans, à une amende de 150.000 euros.

Sonnée, l'ancienne icône du capitalisme français s'est éclipsée en toute discrétion. Il a ensuite déclaré dans un communiqué à l'AFP qu'il trouvait sa condamnation "incompréhensible" et "profondément injuste". Il a décidé de faire appel.

Lors du procès en juin, une relaxe générale avait été requise par le parquet.

A propos des trois infractions pour lesquelles "J2M" a comparu, les juges en ont retenu deux: l'"abus de bien social" et la "diffusion d'informations fausses ou trompeuses" sur la santé financière du groupe. Il est relaxé de l'accusation de "manipulation de cours".

Ces délits constituaient le coeur des dérives qui lui étaient reprochées.

L'abus de bien social est en effet lié au parachute doré de 20,5 millions d'euros que Jean-Marie Messier s'était fait octroyer sans accord du conseil d'administration au moment de son départ du groupe, en juillet 2002.

Cette négociation, alors que le groupe était en pleine débâcle boursière, avait suscité une vive controverse. M. Messier avait fini par y renoncer en décembre 2003.

Les magistrats sont sévères s'agissant de la communication euphorique développée par l'ancien champion du CAC 40 qui, multipliant les apparitions publiques, affirmait que Vivendi allait "mieux que bien".

"Jean-Marie Messier a adopté vis à vis du marché un comportement de véritable +prestidigitateur de dette+, comportement qui pouvait à la rigueur être décelé par les analystes ou professionnels financiers (...) mais certainement pas par l'actionnaire individuel, auquel cette communication s'adressait également et qui ne pouvait qu'être trompé par sa présentation tronquée et fallacieuse", lit-on dans le jugement.

Lorsque les marchés ont découvert que le groupe croulait sous une dette de 35 milliards d'euros, "J2M" avait été contraint d'en abandonner les rênes.

Cette appréciation du tribunal sonne comme "une victoire" pour les petits actionnaires de VU. Floués par la chute du titre, passé en quelques mois de 140 à moins de 10 euros, ils ont été à l'origine des premières plaintes contre l'équipe dirigeante du groupe.

Outre la condamnation de l'ancien PDG, plus de 200 petits porteurs obtiennent des dommages et intérêts pour un montant total d'environ 1,2 millions d'euros, destiné à compenser leurs pertes. Ces sommes devront être payées par Jean-Marie Messier et son ancien bras droit, Guillaume Hannezo.

M. Hannezo, ancien directeur financier de VU, est condamné à une peine de 15 mois de prison avec sursis, pour délit d'initié et diffusion d'informations fausses ou trompeuses, ainsi qu'à une amende de 850.000 euros.

Le tribunal a également retenu la culpabilité de l'homme d'affaires canadien Edgar Bronfman Junior, héritier d'une des plus célèbres dynasties industrielles de son pays, le groupe Seagram, absorbé par VU. Il est condamné à 15 mois de prison avec sursis et 5 millions d'euros d'amende pour délit d'initié.

Tous deux vont faire appel.

Eric Licoys, ancien directeur général délégué du groupe, est condamné à six mois de prison avec sursis.

Les juges ont prononcé la relaxe de deux cadres de VU, Hubert Dupont Lhotelain et François Blondet, et d'un ancien cadre d'établissement financier, Philippe Guez.