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Contestés, les ministres issus du RCD démissionnent du parti de Ben Ali

L'opposition et la population ont, en partie, obtenu gain de cause. Les huit ministres issus du RCD ont démissionné ce jeudi du parti politique du président déchu Ben Ali, à quelques heures du premier Conseil des ministres.

Contestés par la rue, les ministres du gouvernement de transition tunisien, issus des rangs du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président déchu Ben Ali, ont démissionné ce jeudi de cette formation politique.

Plus tard dans la matinée, Zouhair M'Dhaffer, ministre auprès du Premier ministre chargé du Développement administratif qui avait déjà démissionné du RCD, a annoncé dans un communiqué qu'il quittait le gouvernement d'union nationale. Il était déjà ministre sous Ben Ali et a déclaré partir pour "préserver l'intérêt suprême de la nation et favoriser la transformation démocratique du pays".

En fin de matinée, le RCD a annoncé dans un communiqué avoir dissous son bureau politique. L'annonce a été relayée sur la télévision publique tunisienne qui a précisé que le parti continuera toutefois à fonctionner.

C’est dans ce contexte que le gouvernement, déjà affaibli par la démission de quatre ministres de l’opposition, a débuté vers 14h15 son premier Conseil des ministres.

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Au journal de 16h...
Contestés, les ministres issus du RCD démissionnent du parti de Ben Ali

Ces décisions interviennent deux jours après la démission du président par intérim Foued Mebazaa et celle du Premier ministre du gouvernement de transition Mohammed Ghannouchi du RCD, clé de voûte du régime de Ben Ali. "Je m'engage à ce que le gouvernement de transition conduise une rupture totale avec le passé", a déclaré mercredi Mebazaa à la télévision d'État, lors de sa première allocution depuis sa prise de fonction. Ce geste d’ouverture tardif n’avait pourtant pas réussi à apaiser la colère de la rue tunisienne qui réclame une vraie rupture avec le passé.

"S’ils ont démissionné du RCD, les ministres concernés conservent leurs postes au sein du gouvernement. Reste à savoir si cette démarche va satisfaire l’opposition et la population tunisienne", précise Virginie Herz, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Tunis.

Mais jeudi matin encore, des milliers de manifestants protestaient devant le siège de l'ex-parti au pouvoir. "Le peuple veut la démission du gouvernement", ont scandé les manifestants, qui brandissaient des pancartes proclamant : "On n'a plus peur de vous, traîtres" et "RCD out !". L'armée a effectué des tirs de sommation pour dissuader des manifestants d'escalader le mur d'enceinte, a constaté une journaliste de l'AFP.

Depuis lundi, des manifestations exigent le retrait des figures de l'ancien régime du gouvernement d’union nationale. D’autant plus que ces derniers, au nombre de huit, se sont réservés les postes-clés de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances.

Pour Ben Ali, les ennuis commencent

Par ailleurs, la télévision d'État a diffusé mercredi des images de bijoux et d'or qui appartiendraient à des proches de Ben Ali. Selon le commentaire de la chaîne, 33 d'entres eux, soupçonnés de "crimes contre la Tunisie", ont été arrêtés. "Des enquêtes vont être menées pour qu'ils soient traduits en justice", dit un communiqué lu à l'antenne émanant d'une "source officielle".

En Arabie saoudite, où l'ancien dictateur a trouvé refuge, les autorités lui ont officiellement interdit toute activité politique liée à la situation en Tunisie.

Par ailleurs, le gouvernement suisse a décidé de geler les avoirs que pourraient détenir le chef de l'État tunisien déchu et sa famille dans le pays. La Suisse emboîte ainsi le pas à la France où, ce mercredi, trois ONG - Sherpa, Transparency International et la Commission arabe des droits humains - ont annoncé avoir déposé plainte, notamment pour corruption, détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et de confiance et blanchiment.