Sans surprise, Marine Le Pen a été largement plébiscitée par les militants du Front national pour prendre la tête du parti ce dimanche, lors du Congrès de Tours. Elle succède à son père, Jean-Marie Le Pen, qui incarnait le FN depuis près de 40 ans.
AFP- Marine Le Pen a officiellement succédé dimanche à Jean-Marie Le Pen à la tête du Front national qu'il dirigeait et incarnait depuis près de 40 ans, en remportant largement, par 67,65 des voix, la consultation interne organisée par le parti.
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© {{ scope.credits }}A la tribune du XIVème congrès du parti, grand-messe organisée à Tours pour cette succession, Jean-Marie Le Pen, 82 ans, a étreint sa benjamine de 42 ans, après avoir lui-même proclamé les résultats, sous les acclamations des quelque 2.000 militants et cadres du mouvement d'extrême droite.
Le nom du vainqueur, connu depuis vendredi soir, est sans surprise: Marine Le Pen, qui bénéficiait de tout le poids du soutien paternel et de l'appareil du parti, était archi-favorite face à Bruno Gollnisch, 60 ans (32,35% des voix), vieux lieutenant du chef.
Celle qui apparaît désormais comme la candidate naturelle du FN pour la présidentielle de 2012 devait prononcer un discours à 15H00.
17.127 militants ont pris part au vote sur les 22.403 inscrits, à détaillé Jean-Marie Le Pen, soit une participation de 76,45%.
Prenant la parole immédiatement après l'annonce, Bruno Gollnisch a adressé ses "chaleureuses félicitations à sa rivale": "quand on participe à une consultation, on en admet le résultat".
Dans un parti souvent miné par les scissions et les départs fracassants, il a aussi voulu rassurer sur ses intentions, assurant qu'il continuerait "à servir la cause de la défense de l'identité et de l'indépendance de notre nation, et à le faire dans la formation d'évidence la plus apte à organiser ce combat, le Front national".
Mais il a tenu à souligner que les adhérents l'ayant choisi - près d'un tiers des voix - représentaient une "composante incontournable" du mouvement.
Affirmant ne pas avoir besoin d'un "lot de consolation" ni "de titre ronflant", il est resté vague sur son avenir dans l'organigramme du parti, alors que Marine Le Pen lui a proposé de devenir vice-président du mouvement.
Les résultats au comité central sont plus équilibrés (de l'ordre de 55% pour les marinistes contre 45% pour les gollnischiens), ce qui obligera la nouvelle équipe à composer avec le camp des perdants.
Ovationné par l'assistance, Jean-Marie Le Pen a pour sa part été élu, par acclamations de la salle, "président d'honneur" du mouvement qu'il avait contribué à fonder en 1972 et dirigeait depuis, ce qui lui donne accès à toutes ses instances.
C'est la première fois que les adhérents étaient appelés à un vote en bonne et due forme pour élire leur chef.
Née en 1968 à Neuilly-sur-Seine, avocate, Marine Le Pen est la troisième fille de Jean-Marie Le Pen. Candidate pour la première fois en 1993 aux législatives (Paris), elle avait pris la tête du service juridique du parti en 1998, en pleine scission avec Bruno Mégret, dont un certain nombre de partisans ont rejoint son plus proche entourage.
Parmi ses lignes stratégiques, Marine Le Pen veut normaliser l'image de son parti pour élargir son électorat et peser davantage, voire, comme elle l'affirme régulièrement, "conquérir le pouvoir".
L'élue de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) ne renie aucun des fondamentaux frontistes, comme la "préférence nationale", qui réserverait une série d'avantages sociaux aux Français, le retour de la peine de mort ou la sortie de l'euro et de l'Union européenne. Mais elle adopte un registre beaucoup plus social que l'ancienne tendance libérale du FN et fait souvent appel aux "valeurs de la République" ou à la laïcité, en rupture avec la tendance contre-révolutionnaire de l'extrême droite, mieux incarnée par Bruno Gollnisch.