logo

Ben Ali multiplie les promesses pour apaiser les tensions

Lors de sa troisième intervention télévisée depuis le début des protestations, le président tunisien a insinué qu'il ne se représenterait pas en 2014. Tout en promettant d'œuvrer dans le sens de la démocratie, du pluralisme et des libertés.

Signe que la Tunisie traverse une crise sans précédent, le président Zine el-Abidine Ben Ali s’est exprimé pour la troisième fois à la télévision depuis le début des troubles. Le chef de l'État tunisien, au pouvoir depuis 23 ans, a laissé entendre qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat présidentiel en 2014. "Pas de présidence à vie, je refuse de toucher à la limite d'âge fixée par la Constitution", a-t-il déclaré. La Loi fondamentale tunisienne fixe à 75 ans l'âge maximal pour se porter candidat à la présidence. Âgé de 74 ans, Ben Ali devait faire modifier la Constitution pour pouvoir se représenter.

"Je vous ai compris"

"Assez de violence, assez de violence", a répété, ce jeudi soir, Ben Ali alors que la Tunisie est en proie à une vague continue de protestations sociales depuis le 17 décembre. "Je suis triste de ce qui se passe aujourd'hui, après 50 années au service de ce pays", a-t-il dit avant d'indiquer avoir ordonné aux forces de l'ordre de ne plus tirer à balles réelles contre les manifestants. Le numéro un tunisien a également annoncé la formation d’une commission indépendante chargée de faire la lumière sur ces événements.

"La situation actuelle demande un changement profond, je vous ai compris", a lancé le président à l’attention du peuple tunisien en promettant d’œuvrer dans le sens de la démocratie, du pluralisme et des libertés. "J’ai été trompé sur la réalité et les responsables devront rendre des comptes", a-t-il assuré.

Un discours bien accueilli par l’opposition

Fait rarissime, cette intervention, riche en promesses, a été prononcée en tunisien dialectal par le chef de l’État. “Oui je vous parle, en Tunisie et ailleurs, dans langue de tous, que tous comprennent, a-t-il déclaré. Répondant directement aux revendications sociales des manifestants, il a demandé à son Premier ministre de baisser les prix "des matières essentielles" comme le pain, le lait et le sucre. Accusé de diriger le pays d’une main de fer et de museler la presse, il s’est également engagé à faire respecter la liberté d’expression et de mettre fin aux mesures de blocage de sites Internet.

Ce discours a été immédiatement salué par l’opposition qui attend désormais des actes concrets de la part du président. Najib Chebbi, opposant notoire du régime, s’est félicité de la décision de Ben Ali de ne pas briguer un nouveau mandat en 2014. "Ce discours est politiquement important et correspond aux attentes de la société civile et de l'opposition", constate le fondateur du Parti démocratique progressiste (PDP) dans une interview accordée à Reuters après l'intervention télévisée. "Franchement, je ne m'attendais pas à ce qu'il aborde tous ces problèmes", a-t-il ajouté avant de demander la formation d’un gouvernement de coalition.

it
"Du tunisien dialectal pour mieux se faire comprendre"
Ben Ali multiplie les promesses pour apaiser les tensions