
Al-Qaïda au Maghreb islamique revendique l'enlèvement, à Niamey, des deux Français tués samedi au Sahel. Aqmi précise que ce rapt est une réponse à la croisade menée par la France en Afghanistan et à son "attitude répressive à l'égard des musulmans".
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l'enlèvement, à Niamey, la capitale nigérienne, des deux Français tués samedi au Sahel, sans préciser les circonstances de leur mort. Un développement de plus alors qu’une polémique oppose les autorités nigériennes et françaises sur les circonstances du rapt.
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"Un groupe de vaillants moudjahidines a mené, le 7 janvier, une opération audacieuse au cœur du quartier diplomatique fortifié à Niamey et réussi à enlever deux Français." C’est en ces termes qu’un porte-parole d’Aqmi a revendiqué, ce jeudi, le rapt des deux Français la semaine dernière au Niger, dans un enregistrement audio diffusé par la chaîne Al-Jazira. Un acte justifié "par l'attitude répressive de la France à l'égard des musulmans et à sa croisade en Afghanistan", a-t-il souligné.
L'assaut donné par les forces "françaises et nigériennes" s’est soldé "par la mort des deux otages français, de deux membres des forces spéciales françaises et il y a eu d'autres blessés", a-t-il affirmé, dans un enregistrement dont l'authenticité n'a pu, pour l’heure, être établie. "Ce message jette le doute sur le déroulement de l’opération parce qu’Aqmi ne revendique pas directement la mort des deux otages français", explique Gauthier Rybinski, spécialiste de politique internationale à FRANCE 24.
"À bout touchant"
Rapatriés mercredi, les corps des deux jeunes Français tués au Sahel ont fait l'objet d'une autopsie conduite sous l'autorité du parquet de Paris. L'un des deux otages, Antoine de Léocour, a été victime d'un tir "à bout touchant" de ses ravisseurs, a annoncé, ce jeudi, le procureur Jean-Claude Marin au cours d'une conférence de presse. En revanche, "les causes de la mort sont plus difficiles à établir pour Vincent Delory", dont tout le bas du corps a été carbonisé et qui présente "cinq plaies par armes à feu", selon le magistrat.
Une révélation qui conforte la thèse du gouvernement français selon laquelle les deux dépouilles portaient des traces d’impact de balles. Cependant, il est trop tôt pour affirmer qu’ils ont été exécutés par leurs ravisseurs, comme le laissait entendre, mardi, le ministre français de la Défense, Alain Juppé. "Ces conclusions seront affinées puisque nous avons ordonné un certain nombre d'analyses toxicologiques, balistiques et anatomo-pathologiques afin de préciser les choses", a indiqué le procureur de Paris. Ce dernier a enfin précisé que sept autres personnes avaient trouvé la mort lors de l'intervention des forces spéciales françaises et de la gendarmerie nigérienne : trois gendarmes et quatre ravisseurs.
Zones d’ombre et polémiques
Des interrogations demeurent par ailleurs sur l'intervention militaire menée par la France pour tenter de libérer les otages. Une opération qui a suscité une polémique entre Paris et Niamey. Des sources maliennes et nigériennes avaient affirmé, mardi, que des hélicoptères de combat français avaient tiré sur le convoi de véhicules des ravisseurs dans le nord du Mali, à une quinzaine de kilomètres de la localité malienne de Tabankor (35 km au sud de Ménaka), où des épaves de voitures brûlées ont été retrouvées. Jeudi, un haut responsable gouvernemental nigérien a affirmé à l'AFP que les "militaires nigériens" retrouvés morts, le 8 janvier au Mali, après un assaut contre les ravisseurs de deux Français, "poursuivaient les gens d'Al-Qaïda" et avaient été "victimes de tirs français".
Ce haut responsable nigérien, joint par téléphone depuis le Mali, a contesté l'affirmation du ministère français de la Défense selon laquelle des personnes portant "l'uniforme de la gendarmerie nigérienne" avaient alors participé au combat contre les forces françaises.
Un autre point de désaccord oppose les deux pays. Mercredi, le ministère nigérien de l'Intérieur a affirmé à l'AFP ne détenir "aucun terroriste" membre présumé d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) impliqué dans l'enlèvement des deux otages français, contrairement à ce qui avait été affirmé par Paris un peu plus tôt. Une thèse confirmée ce jeudi par le procureur Marin.
Le Premier ministre français, François Fillon, avait pourtant déclaré mardi que deux ravisseurs faits prisonniers avaient "été remis aux autorités nigériennes qui actuellement les interrogent avec le concours de la justice française". Le ministère de la Défense l'a réaffirmé mercredi en renvoyant aux propos de même teneur tenus par Alain Juppé, mardi à N'Djamena (Tchad).
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