Les violentes émeutes sociales qui frappent la Tunisie n'inquiètent pas outre mesure les acteurs du secteur touristique, qu'ils soient tunisiens ou français. Leur activité, disent-ils, n'est pas affectée. Ce secteur est pourtant clé.
1 300 km de côtes, des plages de sable fin, du soleil, huit sites inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, des infrastructures hôtelières nombreuses et bon marché... Pour une majorité d'étrangers, la Tunisie est avant tout synonyme de farniente. Et pour la Tunisie, le tourisme est un élément clé de son économie.
Depuis mi-décembre, le pays connaît de violentes émeutes sociales. Ces évènements pourraient être de nature à inquiéter les professionnels du tourisme, mais ce n'est pas le cas. Loin de Sidi Bouzid, où le jeune Mohamed Bouazizi s'est immolé le 17 décembre dans le centre-ouest du pays, des touristes poursuivent leurs vacances le long de la mer, à Sousse ou à Djerba. Sur place, les acteurs du secteur touristique assurent que la situation est tout à fait normale.
"Il n'y a eu aucune annulation, affirme ce mardi Sehri Attia, réceptionniste à l'Hôtel Le Hammamet. Le mois de janvier est une période calme, notre hôtel n'est pas plein, mais il y a tout de même plus de clients que l'an dernier à la même époque. Ce sont essentiellement des Espagnols, des Français et des Allemands. Ils ne sont pas inquiets du tout... Ici, dans le Nord, la vie se déroule exactement comme avant". Des manifestations ont pourtant éclaté pour le première fois lundi à Bizerte, une ville côtière du Nord.
"L'ambiance est excellente"
"Pour le moment nous n'avons constaté aucun changement, renchérit Ahlem Chaghlem, responsable de l'agence Tunisie Voyages à Sousse. Ce mercredi par exemple, huit vols atterrissent à l'aéroport de Monastir, avec le même nombre de passagers que d'habitude."
En France aussi, le ton se veut rassurant. "L'ambiance est excellente, les stations touristiques sont à mille lieux des événements sociaux", a indiqué au site "Pros du tourisme" le PDG de Thalasso n°1, Raouf Benslimane, de retour de Tunisie. "Nous avons encore trop peu de recul pour nous prononcer sur la situation, indique avec plus de prudence l'agence Look Voyages. Oui, la Tunisie est un marché plus qu'important pour les voyagistes français."
Pour l'économiste Lahcen Achy en revanche, chercheur au Centre Carnegie du Moyen-Orient, la révolte sociale qui agite la Tunisie aura certainement un impact sur l'économie. Si les étrangers n'ont pas encore annulé leurs réservations, ceux qui pensaient se rendre en Tunisie dans les prochains mois pourraient être amenés à revoir leurs plans. Ce qui pourrait s'avérer extrêmement coûteux. Pour le secteur, pour les régions touristiques, maus aussi pour le régime. "Nous avons observé une baisse de l'activité touristique dans tous les pays où il y a eu des évènements violents, assure Lahcen Achy. Ca a été le cas quand il y a eu des attentats au Maroc en 2003, ou des actes terroristes en Égypte..."
Au-delà, ces émeutes pourraient aussi affecter l'autre secteur-clé de l'économie tunisienne, celui des industries manufacturières, largement tournées vers les exportations et très liées aux investissements étrangers.