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Un ancien enfant-soldat témoigne contre Lubanga

Pour la première fois depuis le début du procès, un ancien enfant-soldat a témoigné devant la CPI contre Thomas Lubanga, jugé pour crimes de guerre. L'ex-milicien congolais est accusé d'avoir enrôlé des centaines d'enfants.

AFP - Un ancien enfant soldat a raconté mercredi comment il avait été recruté par des soldats de Thomas Lubanga, un ancien chef de milice congolais jugé depuis lundi pour crimes de guerre, devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye.

"Certains élèves étaient enrôlés et emmenés, j'étais un de ceux qui ont été conduits dans des camps militaires. Cela s'est passé alors que nous rentrions à la maison (...) je sortais de l'école", a déclaré le témoin en swahili, sa langue maternelle.

"Ils portaient les tenues militaires de l'UPC", l'Union des patriotes congolais, la milice de Thomas Lubanga, a poursuivi le jeune homme, installé derrière un rideau, à l'abri des regards du public par mesure de protection.

"C'étaient des soldats de Thomas Lubanga. Ils étaient armés et plus nombreux que mes amis et moi", a-t-il ajouté, la voix brouillée pour protéger son anonymat.

"Ils nous ont dit que le pays était en troubles et que les jeunes devaient se mobiliser pour sauver le pays", a raconté le témoin. "Je leur ai répondu que nous étions encore trop jeunes, (...), qu'il y avait parmi nous des enfants".

Il a dit ne pas se souvenir de la date en raison de son jeune âge à l'époque des faits.

Durant son témoignage, Thomas Lubanga, 48 ans, habillé d'une veste noire et d'une cravate rouge, est resté très attentif et a pris des notes, dirigeant régulièrement son regard vers le témoin.

Le premier procès de la CPI a commencé lundi. Thomas Lubanga est accusé d'enrôlement et de conscription de centaines d'enfants, et de les avoir fait combattre dans l'aile militaire de sa milice, les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), lors de la guerre civile en Ituri (est de la République démocratique du Congo), entre septembre 2002 et août 2003.

Transféré à La Haye en mars 2006, Thomas Lubanga plaide non coupable de ces crimes de guerre.

Selon les ONG, les affrontements en Ituri entre des milices soutenues par les ethnies Hema (proche de l'UPC) et Lendu, pour le contrôle notamment de mines d'or, ont fait 60.000 morts et des centaines de milliers de déplacés depuis 1999.