Les quelque 4 millions de Sud-Soudanais inscrits sur les listes électorales ont une semaine pour se prononcer sur l'autodétermination de leur territoire. Ce dimanche, premier jour du scrutin, les électeurs se sont rendus en masse aux urnes.
Une semaine durant, les habitants de Sud-Soudan vont se prononcer pour ou contre la partition du pays le plus vaste du continent africain. Organisé en vertu de l'accord de paix conclu en 2005 entre le régime de Khartoum et la rébellion sudiste, ce référendum portant sur l'autodétermination du Sud-Soudan concerne 4 millions de personnes inscrites sur les listes électorales.
À en croire les observateurs sur place, la participation est très importante. Envoyée spéciale de FRANCE 24 à Juba, la capitale sud-soudanaise, Melissa Bell fait état d'une foule qui a commencé à se former dès samedi soir, veille du scrutin, aux abords du mausolée de John Garang, où se trouve l'un des bureaux de vote de la ville.
it"Ceux qui viennent de voter sortent avec un énorme sourire aux lèvres, rapporte Melissa Bell. Un citoyen m’a expliqué que, même si le scrutin n’allait rien régler et que les problèmes qui ont tant divisé cette population allaient demeurer, voter était, pour lui, une façon d'exprimer son désaccord avec la façon dont le pays a été dirigé jusqu’à maintenant."
Le dirigeant de la région semi-autonome du Sud-Soudan, Salva Kiir, a voté ce dimanche matin à Juba, dans le centre qui jouxte le mausolée de John Garang, chef de la rébellion sudiste décédé en 2005, peu après avoir signé la paix avec Khartoum. "C'est le moment historique que les Sud-Soudanais attendaient, a-t-il déclaré. Je pense aux proches de Dr. John et à tous ceux qui sont morts avec lui, je voudrais leur dire aujourd'hui qu'ils ne sont pas morts en vain."
itKofi Annan, Jimmy Carter et George Clooney sur place
La forte mobilisation au référendum doit mener à des "résultats acceptés" de tous, a déclaré, dimanche, Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies, qui observe le processus électoral en cours."J'espère que toutes les parties respecteront les résultats lorsqu'ils seront annoncés parce qu'en bout de ligne, c'est le peuple qui est l'autorité ultime", a ajouté Kofi Annan, co-directeur du Centre Carter, une ONG américaine qui assure une mission d'observation sur le terrain.
"Les informations à travers le pays, au Nord comme au Sud, nous indiquent que la situation est calme et pacifique... Il y a maintenant une acceptation au Nord comme au Sud que si le choix est l'indépendance, et ça nous ne le savons pas pour l'instant, alors ce choix doit être respecté", a déclaré l’ancien président américain Jimmy Carter, fondateur du centre qui porte son nom. Le sénateur américain John Kerry a également fait le déplacement, en compagnie de l’acteur George Clooney.
De son côté, l’actuel président des États-Unis, Barack Obama, a appelé "toutes les parties à s'abstenir de rhétorique enflammée ou d'actions de provocation qui pourraient aviver les tensions ou empêcher les électeurs d'exprimer leur choix", a-t-il écrit dans une tribune publiée dans le "New York Times" daté du 8 janvier.
Le scrutin se déroule aussi dans le nord du pays, où l'on dénombre 520 000 Sud-Soudanais, selon le dernier recensement. Un chiffre que contestent les sudistes, qui estiment être environ 1,5 million à habiter dans le Nord. Mais seuls environ 117 000 d’entre eux se sont inscrits sur les listes électorales pour le référendum.
À quelques heures du début du scrutin, dans la nuit de samedi à dimanche, au moins un civil a trouvé la mort lorsque des Arabes nomades avaient ouvert le feu à Abyei, région frontalière entre les deux Soudans qui devra se déterminer sur son avenir dans un second temps.
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