Un "acteur chinois" pourrait être derrière les soupçons d'espionnage portant atteinte aux recherches du constructeur français Renault. Lundi, trois cadres du groupe ont été mis à pied pour divulgation d'informations sensibles.
AFP - Le député UMP et spécialiste des questions d'intelligence économique Bernard Carayon a indiqué vendredi à l'AFP que la piste chinoise était prise au sérieux dans l'affaire d'espionnage industriel frappant le constructeur automobile Renault.
"Les soupçons se portent effectivement dans cette direction", a-t-il assuré en réaction aux informations du Figaro évoquant cette piste.
Les premiers modèles font actuellement leur apparition sur le marché. La Nissan Leaf, a été lancée en décembre, et la berline familiale Fluence ainsi que l'utilitaire Kangoo Express sont attendues à la mi-2011. Renault travaille également au lancement de deux autres modèles électriques inédits : Twizy, un petit véhicule urbain deux places et surtout la Zoé, une petite berline cinq places, qui doivent être respectivement commercialisés au deuxième semestre de cette année et à la mi-2012.
Le quotidien affirme que "Renault soupçonne un acteur chinois, selon plusieurs sources internes". "Les services secrets français, qui prennent cette affaire au sérieux, ont démarré une enquête qui privilégie également la piste chinoise, selon nos informations", poursuit-il dans son édition de vendredi.
Interrogé par l'AFP, Renault s'est refusé à tout commentaire.
Pour M. Carayon, "cette affaire repose sur un défaut de mesures préventives suffisantes, alors même que certains services de l'Etat, et en particulier la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), sont en mesure d'apporter des conseils techniques de très haut niveau aux entreprises".
"Je ne peux que m'étonner qu'une entreprise de la dimension de Renault ne se soit pas rapprochée d'un service de l'Etat dont on connaît l'extrême qualité", a poursuivi le député (UMP) du Tarn, auteur de plusieurs rapports sur l'intelligence économique.
La DCRI, a-t-il fait valoir, "effectue pourtant chaque année des milliers de missions de sensibilisation et d'information auprès des entreprises.
Le gouvernement a qualifié jeudi de "guerre économique" cette affaire d'espionnage visant des projets phare de voitures électriques.
Renault a mis à pied lundi trois cadres dirigeants soupçonnés d'avoir diffusé à l'extérieur des informations sensibles. Le groupe a justifié cette mesure exceptionnelle par la nécessité "de protéger, sans attendre, les actifs stratégiques, intellectuels et technologiques de notre entreprise".
Le constructeur automobile, encore détenu à 15% par l'Etat français, et son allié japonais Nissan ont déjà investi 4 milliards d'euros dans le développement de la voiture électrique.