
Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a annoncé des mesures d'économie de plusieurs dizaines de milliards de dollars au cours des cinq prochaines années afin de ralentir la croissance des dépenses militaires.
AFP - Le Pentagone va tailler dans ses coûts et programmes d'armement afin de ralentir la croissance de son budget sur cinq ans et, sous la pression de la Maison Blanche, va consacrer 78 milliards de dollars des économies réalisées à la réduction du déficit budgétaire.
"Le Pentagone ne peut pas se croire à l'écart de la surveillance et de la pression dont le reste du gouvernement fait l'objet", a expliqué le secrétaire à la Défense Robert Gates au cours d'une conférence de presse.
Ces économies sont douloureuses mais "la situation budgétaire désespérée du pays et la menace qu'elle représente pour la crédibilité et l'influence de l'Amérique dans le monde ne feront qu'empirer tant que l'Etat fédéral n'aura pas mis de l'ordre dans ses finances", a-t-il justifié.
Contrairement à la plupart des pays européens qui réduisent leur budget militaire pour faire face à la crise, le budget américain de la Défense, qui a plus que doublé depuis 2001, continuera d'augmenter. A un rythme plus faible.
Au cours des exercices budgétaires 2012 à 2016, 154 milliards de dollars vont être économisés via des restructurations ou abandons de programmes d'armement et une baisse des coûts de fonctionnement.
Parmi les programmes visés figurent l'abandon du projet de futur véhicule d'assaut blindé amphibie des Marines entamé il y a une vingtaine d'années ou la mise "sous surveillance" pendant deux ans de la phase de développement de la version du futur avion de chasse F-35 destinée aux Marines.
La baisse des coûts se traduira par un gel des salaires des civils travaillant pour la défense, la baisse du nombre de généraux ou encore l'augmentation des cotisations des retraités au système d'assurance-maladie des militaires (Tricare).
Quelque 24 milliards d'économies supplémentaires doivent être réalisées en tenant compte de prévisions économiques plus pessimistes que par le passé et de la réduction à venir des effectifs dans l'Armée de terre et les Marines: une fois les opérations de combat terminées en Afghanistan en 2014, les deux services seront mis au régime: l'armée de terre perdra 27.000 de ses 569.000 hommes et les Marines entre 15 et 20.000 hommes sur 202.000.
Si ce projet est mené à son terme, il s'agira de la première baisse d'effectifs dans ces services depuis le 11-Septembre.
Robert Gates, membre républicain de l'équipe Obama, avait prévenu ces derniers mois qu'il comptait réaliser des économies et réaffecter l'intégralité des sommes économisées à d'autres programmes.
Son objectif était de maintenir un objectif de croissance réelle du budget de la défense de l'ordre de 3% par an, nécessaire selon lui pour maintenir l'état des forces et poursuivre la modernisation de l'armée.
Mais il a dû transiger avec la Maison Blanche: si 100 milliards de dollars économisés seront bien réinvestis dans d'autres programmes du Pentagone, 78 milliards serviront à participer à l'effort du gouvernement pour résorber le titanesque déficit budgétaire.
L'influent sénateur républicain John McCain s'est félicité des mesures annoncées mais a jugé que l'intégralité des économies réalisées devaient être "réinvesties".
La croissance hors inflation du budget sera de 3% en 2012, inférieure à 3% les deux années suivantes et nulle en 2015 et 2016.
Le budget 2011 du Pentagone voté par le Congrès en décembre s'élève à 548,2 milliards de dollars, sans compter les 158,7 milliards pour financer les opérations en Irak et Afghanistan.
Le projet de budget de base pour 2012 s'élève à 553 milliards, soit 13 de moins que ce qui était précédemment prévu.