Assassiné par l'un de ses gardes du corps à Islamabad, le gouverneur de la province du Pendjab et figure de proue du parti du président pakistanais Asif Ali Zardari critiquait régulièrement les partis et organisations religieuses de son pays.
AFP - Le gouverneur de la province pakistanaise du Pendjab, Salman Taseer, tué mardi par un de ses gardes près de son domicile d'Islamabad, était un polémiste et un critique acharné de l'islamisme, une posture qui a peut-être fini par lui coûter la vie.
Selon le ministre de l'Intérieur Rehman Malik, M. Taseer, une des figures du parti du peuple pakistanais (PPP) du président Asif Ali Zardari, a été abattu en raison de son opposition à la loi sur le blasphème défendue par de nombreux partis et organisations religieux.
M. Taseer critiquait régulièrement les talibans et autres organisations islamistes. Diffusant ses opinions tranchées via des réseaux sociaux comme Twitter, il accusait également l'opposition d'avoir échoué face au terrorisme.
L'homme d'affaires devenu politicien était un vétéran de l'assemblée provinciale du Pendjab (centre) et fut un allié de l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto, assassinée fin 2007 dans un attentat attribué aux talibans.
Ministre de l'Industrie sous l'ancien régime militaire du président Pervez Musharraf entre 2007 et 2008, il fut ensuite nommé cette année là gouverneur du Pendjab (centre) par la coalition menée par le PPP.
Ce père de six enfants a grandi au sein de l'élite intellectuelle du pays et été à l'école à Lahore, capitale du Pendjab, avec Nawaz Sharif, leader du Parti de la Ligue musulmane PML-N, qui après avoir été Premier ministre deviendra son principal opposant dans la province.
Salman Taseer a ensuite étudié en Grande-Bretagne où, selon son site internet personnel, il s'est initié à la littérature marxiste.
Il fut emprisonné à Lahore pour raisons politique par le régime de fer du général Zia-ul-Haq, promoteur de l'islamisation du pays à la fin des années 1970 et dans les années 1980.
Il devint par la suite un homme d'affaires à succès, successivement expert-comptable, directeur de cabinets de consultants et de courtage puis investisseur dans les télécoms, les médias, les assurances et l'immobilier, avant d'entrer en politique.
Marié deux fois, il passait la majeure partie de son temps à Lahore, capitale culturelle du pays.