Fiat et Fiat Industrial, les deux nouvelles entités issues de la scission du groupe automobile italien, ont fait leur entrée à la Bourse de Milan. Cette séparation doit favoriser les partenariats avec des groupes étrangers. Mais pas avec Chrysler.
AFP - Fiat a ouvert lundi un "nouveau chapitre" de son histoire avec les bons débuts en Bourse des deux entités issues de sa scission, virage stratégique destiné à faciliter les alliances, mais le géant italien a assuré qu'une fusion avec Chrysler n'était pas à l'ordre du jour.
Alors que de nombreux observateurs estiment que cette scission pourrait aboutir à terme à une fusion avec l'américain, Sergio Marchionne, directeur général de Fiat et de Chrysler, a assuré qu'il n'avait "pas aujourd'hui le projet de fusionner" les deux groupes.
Cela ne "changerait pas nos vies", a-t-il estimé, étant donné le degré déjà atteint en terme d'"intégration industrielle".
Le patron a en revanche indiqué qu'il était "possible" que Fiat, qui détient 20% de Chrysler depuis sa sortie du dépôt de bilan en juin 2009, exerce son option pour grimper à 51% avant que l'américain ne fasse son retour en Bourse au second semestre 2011.
La scission de Fiat, effective depuis le 1er janvier, a abouti à la création de Fiat Industrial, nouvelle société rassemblant Iveco (camions et bus) et CNH (engins agricoles et de construction). Selon Fiat, elle est numéro deux mondial des machines agricoles et parmi les leaders dans les véhicules industriels.
Fiat ne conserve ainsi que les activités automobiles: marques Fiat, Lancia, Alfa Romeo, Ferrari, Maserati, moteurs et composants ainsi que la part détenue dans Chrysler.
C'est le "début d'un nouveau chapitre de l'histoire de deux sociétés indépendantes", a déclaré M. Marchionne, qui est désormais également président de Fiat Industrial.
Vers 14H10 GMT, dans un marché en hausse de 1,29%, la "nouvelle" Fiat bondissait de 5,14% à 7,04 euros tandis que Fiat Industrial prenait 2,13% à 8,92 euros par rapport aux cours théoriques de clôture de jeudi fournis par le gestionnaire de la Bourse de Milan.
Ces cours "sont conformes à ce que l'on pouvait attendre", a jugé Thierry Huon, analyste d'Exane BNP Paribas. Ensemble, les cours des deux nouvelles entités sont en hausse de plus de 3% par rapport au dernier niveau de clôture de Fiat (15,43 euros).
Les actionnaires ont reçu une action Fiat Industrial pour une action Fiat détenue. La famille fondatrice Agnelli est donc l'actionnaire de référence des deux groupes avec 30% du capital.
"Face aux grandes transformations en cours sur le marché, nous ne pouvions plus continuer à garder ensemble des secteurs qui n'ont aucune caractéristique économique et industrielle en commun", a ajouté M. Marchionne.
Le but de ce virage stratégique annoncé en avril est de permettre aux deux entités de mener leur propre stratégie et de faciliter les alliances.
Fiat pourra donc désormais se concentrer sur son partenariat avec Chrysler alors qu'il s'est fixé pour objectif de faire de l'alliance entre les deux groupes l'un des plus grands constructeurs mondiaux, capable de produire plus de 6 millions de véhicules en 2014 contre moins de 4 millions actuellement.
"Cela donne de la clarté aux investisseurs" car "cela octroie beaucoup plus de marge de manoeuvre" à Fiat, "tout est ouvert" pour les deux entités mais "la question est de savoir ce qu'ils vont faire", a souligné M. Huon.
Pour Crédit Suisse, l'actif le plus "attractif" après la scission est Fiat Industrial car ses analystes jugent que le potentiel de croissance du constructeur automobile est "limité" et sont "sceptiques" sur sa faculté d'exercer son option pour monter à 51% de Chrysler.