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Le 30 décembre 2009, les journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier étaient enlevés en Afghanistan avec leurs trois accompagnateurs. Retour sur cette année de détention, jalonnée de controverses, de rares preuves de vie et de mobilisations.
On espérait les voir rentrer pour Noël, mais le réveillon s'est fait sans eux. Cela fait un an que les journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, ainsi que leurs trois accompagnateurs afghans Mohamed Reza, Ghulam et Satar, sont retenus en otages en Afghanistan.
- Stéphane Taponier. Âgé de 46 ans, ce cameraman a couvert la guerre en Irak et plusieurs conflits sur le continent africain. Depuis 2000, il se rendait régulièrement en Afghanistan.
- Hervé Ghesquière. Journaliste pour le magazine "Pièces à conviction" diffusé sur France 3, ce reporter de 47 ans a couvert la guerre en ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak et la guérilla des Khmers rouges au Cambodge.
Le 30 décembre 2009, les journalistes sont enlevés par un groupe taliban près de la ville d’Omarkheyl, au nord-est du pays, dans la province de la Kapisa où sont déployés la plupart des 3 850 soldats que compte la France sur le sol afghan. Ce mardi-là, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier ont faussé compagnie à l’officier de presse de l’armée française chargé de les accompagner pour pouvoir interroger des civils afghans de la région. Ils étaient en train de finir un reportage sur la reconstruction d’une route entre l’Afghanistan et le Pakistan, pour le magazine de France 3, "Pièces à conviction", quand ils ont été kidnappés.
Rapidement, la mobilisation publique, politique et militaire se met en place. Des soldats français, engagés dans des opérations dans la région de la Kapisa, mènent des opérations pour boucler les passages qui permettraient aux ravisseurs d’emmener le groupe de cinq hommes au Pakistan. Sans résultats.
Un enlèvement qui soulève la polémique
Dans les premières semaines, les médias et les familles sont tenus au secret par les autorités qui invoquent des mesures de sécurité. Finalement, c’est le gouvernement lui-même qui brise le silence, non sans cacher son agacement.
Quelques jours après leur capture, Nicolas Sarkozy déclare que les journalistes de France 3 ont fait preuve d’une "imprudence vraiment coupable", précisant qu’"il leur avait été très clairement demandé de ne pas s’aventurer ainsi parce qu’il y a des risques". Le 17 janvier sur Europe 1, Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, estime à son tour que les journalistes faisaient "courir des risques à beaucoup de nos forces armées, qui du reste sont détournées de leurs missions principales". C’est enfin le général Jean-Louis Georgelin, chef d’état-major des armées françaises, qui déclare, le 21 février sur Europe 1 que "plus de 10 millions d’euros" ont été dépensés pour rechercher les deux journalistes de France 3, lançant un appel au "sens des responsabilités des uns et des autres".
Face aux petites phrases assassines, le Comité de soutien et Reporters sans frontières (RSF) restent plus mobilisés que jamais. Pétition à plus de 80 000 signatures , concert pour les 300 jours de captivité, manifestations, débats et conférences ont jalonné cette année de détention afin de faire pression sur les autorités pour que la négociation de la libération des deux journalistes et de leurs accompagnateurs se poursuivent.
Une libération constamment repoussée
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La possibilité d’une libération des otages reste à l’état de spéculation. En visite en Afghanistan, le ministre de la Défense, Alain Juppé, a assuré le 26 décembre que "les choses se poursuivent dans la bonne direction" pour obtenir la libération des deux journalistes de France 3. "Nous continuons à travailler aussi activement que nous le pouvons", a déclaré le ministre à l'occasion d'un déplacement auprès des soldats français déployés en Afghanistan. Alain Juppé a cependant refusé de donner un calendrier précis. La semaine dernière, c'est la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie qui a parlé d'une libération "dans de très brefs délais".
D’après RSF, les conditions de travail pour les journalistes en Afghanistan se dégradent depuis 2008.
Si l’Afghanistan ne compte pas moins de 300 journaux, une quinzaine de chaînes de télévision et des centaines de radios privées, les violences contre les journalistes ne cessent d’augmenter. La presse fait face à la menace des groupes mafieux et surtout des Taliban, principaux opposants à la liberté de la presse.
Depuis 2009, RSF a noté pas moins de 16 agressions, 24 menaces de mort, 10 interpellations et 6 enlèvements.
En décembre 2009, un reporter irakien de The Guardian a été kidnappé puis relâché. David Rhodes, du New York Times, et son fixeur ont réussi à s’échapper des mains des Taliban. L’Afghan Sultan Munadi a en revanche été tué en septembre 2009 pendant son opération de sauvetage.
Fin septembre, le chef d'état-major des armées Édouard Guillaud évoquait un "espoir raisonnable" de voir les otages libres avant Noël. Des échéances qui passent les unes après les autres.
Quelques rares preuves de vie
D’après les dernières nouvelles, les deux journalistes sont en vie et en bonne santé. Les autorités françaises ont annoncé le 20 décembre avoir reçu une cassette, probablement filmée à la mi-novembre, montrant les otages vivants.
Invitées ce mardi à l'Élysée à visionner la cassette, les familles des deux journalistes français ont pu constater d'elles-mêmes que les otages étaient "sereins mais amaigris".
Mais les informations restent lapidaires, et les parents de Stéphane Taponier, qui sont sortis du silence, regrettent les élans d’optimisme et les effets d’annonce de libération. "Depuis le début, ils disent qu'ils sont vivants et en bonne santé. Pour le reste, on ne sait pas, tout est secret défense", a déclaré à l’AFP Gérard Taponier, le père de Stéphane. Pour RSF, ces cassettes restent des "preuves de vie insuffisantes".
La vidéo reçue la semaine dernière n'est pas une première. Le 11 avril, une première vidéo diffusée sur Internet montrait les deux otages, filmés par leurs ravisseurs, lisant un texte dans lequel ils demandaient au président Nicolas Sarkozy de satisfaire les exigences des talibans.
En attendant leur libération, la mobilisation ne faiblit pas. Mercredi, un rassemblement de soutien a eu lieu à Paris sur le Parvis de l'Hôtel de ville à 11h. Un autre est prévu à 17h. De nombreuses autres évènements sont également organisées demain dans différentes villes de France. Pour en savoir plus www.liberezles.net
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La pétition de soutien à Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier est disponible sur le site de RSF.