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Quelques clés pour comprendre le référendum sur l'avenir du Sud-Soudan

Les Sud-Soudanais doivent se prononcer, le 9 janvier, sur l'avenir de leur région. Selon les observateurs, une majorité d'électeurs devraient choisir la partition avec le Nord. Une étape-clé qui intervient dans un long processus.

  • Pourquoi un référendum ?

L'organisation d'un référendum d'autodétermination du Sud est l'un des points-clés de l'accord inter-soudanais du 9 janvier 2005. Signé à Nairobi, au Kenya, par le gouvernement de Khartoum et l'Armée populaire du libération du Soudan (APLS), cet accord de paix globale (CPA - Comprehensive peace agreement) a mis fin à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, arabe et musulman, et le Sud, en majorité peuplé d'Africains chrétiens et animistes. Il prévoit un partage du pouvoir - le Sud a depuis cette date un gouvernement semi-autonome (Goss) - et des ressources naturelles.

  • Sécession ou maintien de l'unité ?

Selon les observateurs, les Sud-Soudanais vont se prononcer en faveur de la partition du plus grand pays d'Afrique. Après l'accord de paix de 2005, le leader sudiste John Garang s'était pris à rêver d'un "Nouveau Soudan", uni et égalitaire. Mais ce rêve s'est évanoui avec sa mort, en juillet 2005. Le nouveau leader du Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS), Salva Kiir, n'a jamais caché ses velleités indépendantistes.

Pour que la sécession soit enterinée, une majorité simple de la population doit se prononcer en sa faveur et le taux de participation doit être de 60 %. Près de 3 millions de personnes - sur environ 6 ou 7 millions de Sudistes, selon les estimations - se sont inscrites sur les listes électorales. Les Sud-Soudanais installés dans le Nord du pays et à l'étranger pourront eux aussi voter.

  • Le référendum va-t-il avoir lieu le 9 janvier ?

De nombreuses difficultés logistiques ont laissé penser que le scrutin pourrait être reporté, ce que souhaitait le Nord. Le Sud, au contraire, a mis en garde contre toute tentative de faire dérailler le processus. Sous la pression internationale, Khartoum devrait faire en sorte que le scrutin ait lieu à la date prévue. Les autorités pourraient néanmoins s'arranger pour que le taux de participation n'atteigne pas 60 %, ce qui pourrait conduire le Sud à déclarer son indépendance de façon unilatérale.

  • L'après-référendum ?

En juin 2010, les deux parties ont mis en place quatre groupes de travail pour entamer les négociations concernant l'après-référendum. Ils portent sur la citoyenneté, la sécurité, les ressources naturelles, économiques et financières, et les traités internationaux et questions juridiques. L'accord de paix globale expire le 9 juillet 2011, leur laissant six mois pour s'organiser après le scrutin.

- Le pétrole, facteur de paix ? Les trois-quarts de la manne pétrolière du Soudan - estimée à plus de six milliards de barils - se trouvent dans le sud du pays, alors que les pipelines sont au Nord. Si le pétrole a été l'un des éléments-clés de la guerre civile pendant 20 ans, les deux régions ont aujourd'hui besoin l'une de l'autre. L'accord de 2005 prévoit un partage équitable des ressources.

- La citoyenneté. Plusieurs millions de Sud-Soudanais sont installés dans le Nord, parfois depuis plusieurs générations. Déjà considérés comme des étrangers dans leur propre pays et opprimés par le régime de Khartoum, ils risquent de n'avoir plus aucun droit après l'indépendance. Ils sont aussi beaucoup trop nombreux pour rentrer au Sud, où ils auraient des difficultés à se réintégrer.

- Les frontières et Abyei. La région disputée d'Abyei, située sur la ligne de partage entre le Nord et le Sud, doit tenir son propre référendum d'autodétermination. Ici, le vote pourrait être reporté, les discussions étant dans l'impasse. Il y a au moins un gisement important de pétrole dans cette zone, peuplée majoritairement de nomades.

  • L'indépendance est-elle viable ?

Si le Sud dispose de ressources, il n'a en revanche aucune structure étatique et le pouvoir est monopolisé par les anciens soldats du Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS). Dans cette région où 90 % de la population est analphabète et vit avec moins de un dollar par jour, il n'existe aucune élite formée et éduquée. Au Nord, l'unité autour du Parti du congrès national (PCN) au pouvoir, qui serait considéré comme responsable de cette partition, pourrait voler en éclat. En cas de sécession, le manque à gagner pour Khartoum, en termes économiques, serait majeur.