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Quand les effets du réchauffement semblent "irréversibles"

Une étude de l'Administration océanique et atmosphérique américaine a démontré que les conséquences du réchauffement climatique, comme la montée des eaux et la pluviosité, étaient irréversibles pour le prochain millénaire.

AFP - Le changement climatique a déjà des conséquences largement irréversibles pour un millénaire et les décisions prises aujourd'hui seront cruciales pour en minimiser l'ampleur, mettent en garde des scientifiques dans une étude publiée lundi aux Etats-Unis.

Ces travaux menés par Susan Solomon principale scientifique de l'Administration océanique et atmosphérique américaine (NOAA), montrent comment le changement de la température à la surface des océans, des précipitations dans certaines régions du globe et la montée du niveau des océans "sont largement irréversibles pour plus de mille ans après que les émissions de dioxyde de carbone (CO2) auront complètement cessé".

Cette étude paraît dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS) datées du 26 janvier.

"Notre recherche nous persuade que les choix faits actuellement concernant les émissions de CO2 auront des retombées qui changeront irrémédiablement notre planète", déclare Susan Solomon, une des principales scientifiques du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec).

"On savait que le CO2 provenant des activités humaines et émis dans l'atmosphère peut y rester pendant des milliers d'années", ajoute cette climatologue.

"Mais cette nouvelle étude permet de faire avancer la compréhension de la manière dont ce phénomène affecte le système climatique", poursuit-elle.

Le réchauffement de la planète est freiné par les océans qui, tel un gigantesque radiateur, absorbent une grande quantité de la chaleur de l'atmosphère faisant monter leur température et fondre les glaces arctiques et antarctiques.

Non seulement cet effet va s'atténuer avec le temps mais les océans contribueront à maintenir des températures plus chaudes en dégageant la chaleur emmagasinée et ce pendant très longtemps, expliquent ces scientifiques.

Cette recherche examine les conséquences de laisser le CO2 s'accumuler dans l'atmosphère selon différents niveaux au-delà de la teneur actuelle moyenne de 385 parties par million (ppm) de CO2 et ce avant un arrêt complet de ces émissions.

Avant le début de l'ère industrielle l'atmosphère contenait seulement 280 parties par million de CO2 .

Les auteurs de ces travaux, basés sur de nombreuses mesures et plusieurs modèles informatiques, ont conclu que les preuves scientifiques étaient suffisamment solides pour d'ores et déjà quantifier certaines conséquences irréversibles du réchauffement dont le changement de la pluviosité dans plusieurs régions clé du globe ainsi que la montée du niveau des océans.

Laisser le CO2 atteindre de 450 à 600 ppm aurait pour conséquence une diminution persistante des précipitations en été comparable à la sécheresse du "Dust Bowl" en Amérique du Nord dans les années 30, en Europe du Sud, en Afrique du Nord, dans le sud-ouest des Etats-Unis, l'Afrique septentrionale et l'ouest de l'Australie.

Cette diminution des pluies qui persistera plusieurs siècles aura différentes conséquences selon les zones géographiques. Ces chercheurs citent une diminution de l'eau disponible, une plus grande fréquence des incendies, des changements de l'écosystème et une plus grande désertification.

Avec une teneur de 600 ppm de CO2, les océans monteraient de façon irréversible en moyenne de 40 centimètres à un mètre d'ici l'an 3.000 et du double, si le CO2 atmosphérique atteignait 1.000 ppm, selon ces scientifiques.

Cette étude est publiée le jour même où le président Barack Obama a annoncé plusieurs décisions inversant la politique de son prédécesseur et qui visent à lutter sérieusement contre le réchauffement.

Il a notamment demandé un réexamen immédiat du rejet par l'administration Bush de la décision de la Californie (ouest) d'imposer des normes plus strictes que celles de l'Etat fédéral pour réduire les émissions de CO2 des automobiles.