logo

L'armée dit contrôler la quasi-totalité des fiefs des Tigres tamouls

L'armée grignote les derniers fiefs des séparatistes tamouls et traque actuellement 2 000 combattants rebelles, alors que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) estime que 250 000 personnes sont prisonnières du conflit.

AFP - L'armée du Sri Lanka a assuré mardi qu'elle grignotait les derniers fiefs des rebelles séparatistes tamouls dans le nord-est de l'île, au moment où la communauté internationale s'alarme du sort des civils, dont des centaines auraient été tués en janvier.

Après 37 années de conflit et une offensive commencée fin 2007 dans le nord, les troupes de Colombo traquent 2.000 combattants des Tigres tamouls dans leurs derniers bastions de la jungle, sur une bande de terre de 20 km de long sur 15 km de large, où vivent de 150.000 à 300.000 civils.

"Nous avançons le long de la côte (du nord-est, au bord de l'océan Indien) et vers l'ouest pour percer une poche de résistance des Tigres" de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), a déclaré à des journalistes, dont un photographe de l'AFP, le général Nandana Udawatte, lors d'un voyage exceptionnel à Mullaittivu.

Cette ville est tombée dimanche et était la dernière encore aux mains des Tigres tamouls.

Mardi, des soldats appuyés par des chars et des avions faisaient une percée sur les 30 km de littoral dans ce département côtier et forestier de Mullaittivu, qui abritait depuis 1996 des infrastructures militaires des LTTE.

Il a fallu un an aux troupes sri-lankaises pour reprendre le chef-lieu Mullaittivu, au prix de 2.000 insurgés tués et 3.000 blessés, a affirmé le général Udawatte. Il n'a pas dressé de bilan pour l'armée, se contentant de parler de "victimes".

Les civils ont en tout cas payé un lourd tribut aux combats.

Du 1er au 25 janvier, 145 personnes ont été tuées et 650 hospitalisées, a indiqué le directeur des services de santé de l'ancienne "capitale" politique des Tigres --Kilinochchi, tombée le 2 janvier-- T. Satyamurthy, cité par le service en langue cinghalaise de la BBC.

Lundi, un porte-parole des Nations unies à Colombo a révélé que des dizaines de civils étaient morts depuis le week-end dernier au cours des terribles accrochages pour prendre Mullaittivu.

Ces personnes ont été tuées par des bombardements --soit des Tigres, soit des militaires-- sur une "zone de sécurité" ouverte il y a une semaine et censée protéger les dizaines de milliers de civils coincés dans la région.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté les parties belligérantes à respecter cette "zone de sécurité".

L'Union européenne a demandé au Sri Lanka de tout faire pour épargner les populations civiles, tandis que l'Inde --qui compte 60 millions de citoyens tamouls-- a dépêché à Colombo son chef de la diplomatie Pranab Mukherjee.

D'après le site internet Tamil.net, qui relaie les positions des Tigres, "plus de 300 personnes sont mortes et des centaines d'autres ont été blessées" dans les pilonnages de l'armée depuis dimanche.

"Nous n'avons ni visé, ni bombardé de régions abritant des civils sur le front septentrional", avait démenti lundi le porte-parole de l'armée, Udaya Nanayakkara, accusant les LTTE de "propagande" au moment où ils accumulent les défaites militaires cuisantes dans le plus vieux conflit en cours en Asie.

L'avenir de l'insurrection tamoule dépend dorénavant du sort du Tigre numéro 1, Velupillaï Prabhakaran, lequel est toujours au Sri Lanka et poursuit le combat, a assuré B. Nadesen, chef de sa branche politique, cité par la BBC.

Depuis 1972, les Tigres tamouls, hindouistes, se battent pour l'indépendance du nord et de l'est de l'ex-Ceylan, une île située au sud-est de l'Inde, peuplée de 20 millions d'habitants, dont 75% de Cinghalais bouddhistes, et qui fut colonie britannique jusqu'en 1948.

Au moins 70.000 personnes ont perdu la vie dans cette guerre.