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Lynchage de prêtres vaudous accusés de propager le choléra

Une quarantaine de prêtres vaudous, accusés de propager le choléra par la sorcellerie, ont été tués par des villageois dans le sud-ouest du pays. Le ministère de la Communication tente de mettre fin à la rumeur.

AFP - Au moins 45 personnes ont été lynchées à mort en Haïti depuis le début de l'épidémie de choléra à la mi-octobre par des groupes les accusant de pratiquer la sorcellerie pour propager la maladie, a indiqué mercredi le ministère haïtien de la Communication et de la Culture.

Ce nouveau bilan complète celui donné par les autorités haïtiennes début décembre qui faisait état d'au moins 14 morts dans des incidents similaires survenus dans le département de la Grand'Anse, dans le sud-ouest d'Haïti.

"Nous avons dénombré 40 morts dans le seul département de la Grand'Anse où les gens

s'attaquent à des guérisseurs accusés de sorcellerie liée au choléra", a déclaré Moïse Fritz Evens, un responsable du ministère de la Communication.

Dans d'autre régions d'Haïti, cinq personnes ont été tuées dans les mêmes circonstances, selon la même source.

"Les victimes, la plupart des prêtres vaudou, la religion populaire d'Haïti, sont battues à coups de machette et de pierre avant d'être brûlées dans la rue", a ajouté Moïse Fritz Evens, qui présentait une enquête réalisée du 4 au 7 décembre dans la Grand'Anse.

Les personnes pratiquant le vaudou "n'ont rien à voir avec l'épidémie de choléra", a rappelé la ministre de la Communication, Marie-Laurence Lassègue, ajoutant que pour combattre cette rumeur, il était nécessaire de "renforcer la sensibilisation sur la maladie".

Au total, 2.591 personnes sont mortes depuis le début de l'épidémie et 121.518 personnes ont été traitées, selon un bilan arrêté au 17 décembre.

Le choléra suscite de fortes inquiétudes auprès de la population et des heurts entre des groupes d'Haïtiens et les forces de l'ONU, accusées par une partie de la population d'avoir importé la maladie, ont fait plusieurs morts.

Plusieurs études ont affirmé que le choléra a vraisemblablement été importé par une source humaine extérieure à la région et une thèse formulée récemment par un épidémiologiste français impute la responsabilité aux Casques bleus népalais de la Mission de l'ONU en Haïti (Minustah).

L'armée népalaise a fermement rejeté cette hypothèse.