Le réalisateur iranien a été condamné à six ans de prison pour avoir participé à des rassemblements et avoir fait de la propagande contre le régime. Il a également écopé d'une interdiction de réaliser des films et de quitter le pays pendant 20 ans.
AFP - Le cinéaste iranien Jafar Panahi, proche de l'opposition, a été condamné à six ans de prison, et la justice lui a interdit de réaliser des films ou de quitter le pays pendant les vingt prochaines années, a annoncé son avocate lundi.
"M. Panahi a été condamné à six ans de prison pour participation à des rassemblements et pour propagande contre le régime", a dit Farideh Gheirat, selon des propos rapportés par l'agence de presse Isna.
"Il est frappé d'une interdiction de réaliser des films, d'écrire des scénarios, de voyager à l'étranger ou de donner des interviews à des médias locaux ou étrangers durant les 20 prochaines années", a précisé l'avocate.
Elle a indiqué qu'elle allait interjeter appel.
Un autre jeune réalisateur, Mohammad Rasoulof, qui travaillait sur un film avec M. Panahi avant son arrestation, a aussi écopé de six ans de prison, pour des faits similaires, a indiqué son avocat, Iman Mirzadeh, à l'agence Isna.
Agé de 50 ans, Jafar Panahi, l'un des cinéastes de la "nouvelle vague" iranienne les plus connus à l'étranger, avait été arrêté le 1er mars à son domicile de Téhéran avec seize autres personnes, dont sa femme et sa fille. La plupart ont été libérées. M. Panahi a été libéré fin mai, après le versement d'une caution de 200.000 dollars.
Peu après son arrestation, le ministère iranien de la Culture avait affirmé que cette dernière était liée au fait que le metteur en scène "préparait un film contre le régime portant sur les évènements post-électoraux" -en référence aux manifestations ayant suivi la réélection contestée de M. Ahmadinejad en juin 2009-, ce que M. Panahi a démenti.
Pendant son séjour en prison, M. Panahi avait entamé une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention et réclamer une libération sous caution dans l'attente de son procès.
M. Panahi, connu pour ses critiques sociales grinçantes, a notamment reçu le Lion d'or à la Mostra de Venise en 2000 pour "Le cercle" et l'Ours d'argent à la Berlinale en 2006 pour "Hors-jeu".
Il a été primé deux fois à Cannes ("Le ballon blanc", Prix de la Caméra d'or 1995, et l'"Or pourpre", Prix du Jury-Un Certain Regard en 2000), où son siège avait été symboliquement laissé vide lors de la cérémonie d'ouverture du festival en mai dernier.
De nombreuses voix s'étaient élevées à l'étranger comme en Iran pour protester contre son arrestation, notamment celles de Steven Spielberg, Martin Scorcese, Ang Lee, Oliver Stone.